Chapitre Dix



POV BELLA

J'avais passé ma journée de dimanche avec Rosalie puisque Emmett était occupé. Nous étions allées pique-niquer à Central Park. La chaleur était étouffante dans mon appartement et la fraîcheur offerte par les arbres avaient été très agréable. J'avais beaucoup discuté avec Rosalie. Elle m'avait posé des questions sur mon enfance, sur ma mère et sur mon père et sur ce que je comptais faire l'an prochain. J'avais réussi à lui parler  de ma mère sans être attristée et c'était bien la première fois que cela m'arrivait. Mais Rosalie ayant perdu sa mère très jeune faisait partie des personnes qui étaient apte à me comprendre. Je lui avais également posé des questions. C'est ainsi que j'avais appris que son père était avocat et que sa belle-mère était journaliste dans un magasine de mode. C'est la raison pour laquelle elle avait choisi de faire de faire les mêmes études qu'Alice. Elle ne voulait pas être journaliste de mode mais styliste. Cette envie lui avait pris à force d'accompagner sa belle-mère aux quatre coins du monde pour des défilés. Elle avait beaucoup voyagé en Europe et elle vouait un culte sans précédent à la maison française Dior. C'était pour la elle, la maison de haute couture la plus admirable. Elle m'avait aussi confié qu'elle n'avait plus beaucoup de contact avec son père. Ce dernier, lui avait en effet, coupé les vivres quelques semaines après son arrivée sur New-York car selon lui, Emmett n'était pas le genre d'homme qui lui convenait. Rosalie n'avait pas démordu. Elle aimait Emmett depuis presque trois ans et elle ne se voyait avec aucun autre homme que lui. Quand Rosalie parlait d'Emmett, je restais rêveuse. Elle l'aimait et pour elle il était essentiel à sa vie. C'était son oxygène, sa joie de vivre, son pilier, son étoile du berger. Rosalie travaillait depuis peu dans une agence de soutien scolaire. L'argent qu'elle gagnait lui permettait de payer les frais liés à ses études mais aussi son shopping. Sa belle-mère lui envoyait de l'argent en douce ou des bons d'achat pour des vêtements de manière à ce qu'elle ne manque de rien. A l'inverse de son père, Rosalie avait gardé contact avec elle et Rose se réjouissait de sa venue à la fin du mois. 

Nous avions parlé musique et art et nous nous étions découvertes quelques points communs. Je n'avais bien sûr pas échappé à un léger interrogatoire sur mon échange avec Edward. Rosalie semblait penser que je devrais le laisser devenir mon ami qu'après tout je n'avais rien à perdre. Je lui avais fait part de ma réticence à ce sujet. Je ne savais pas si je voulais quelqu'un dans ma vie et les souvenirs des paroles d'Alice étaient encore dans mes pensées. Sans compter que le souvenir de Benjamin était encore bien trop présent. Pour preuve, seul Jazz et Emmett pouvaient me toucher sans que je ne me mette à paniquer.

J'étais rentrée le dimanche soir après avoir dîner avec Emmett et Rosalie. J'avais retrouvé Jasper dans mon appartement et ces deux derniers jours s'étaient très bien passés. 

Lundi, j'étais restée chez moi. J'avais passé ma journée à lire un livre très agréable d'Elisabeth Gilbert « Mange, prie, aime ». Une histoire intéressante sur une femme divorcée qui part en quête de nourriture. Une nourriture alimentaire, spirituelle et sentimentale. Elle finissait par trouver l'amour en réalisant qu'elle devait arrêter de se poser des questions et vivre l'instant présent. J'avais aussi appelé mon père. Il devait partir le lendemain matin pour le Brésil et j'étais heureuse d'entendre sa voix. Nous avions discuté de ma vie à New-York et je m'étais bien gardée de lui parler de l'incident avec Benjamin afin de ne pas l'inquiéter. Mon père semblait ravi de partir avec Élisabeth, ma belle-mère. Il m'avait informé qu'il avait acheté un ordinateur portable afin de pouvoir m’appeler par internet mais aussi pour m'envoyer des mails. Ainsi il pourrait me donner de ses nouvelles et prendre des miennes. Je lui avais confirmé ma venue début août. Il avait semblé heureux. Et j'avouais que j'étais pressée d'y être pour retrouver le calme et la tranquillité de Forks. Je pourrais m'y reposer et m'y détendre avant d'entamer peut-être une année complémentaire à la fac. Je l'avais informé du fait que mes toiles allaient être exposées et il avait sauté de joie. Il avait précisé qu'il était fier de moi et que j'étais devenue une jeune femme forte et indépendante tout comme ma mère. Mon père semblait avoir plus de facilité à exprimer ses sentiments. Je n'étais pas habituée mais ses mots m'avaient apaisé tout en réchauffant mon cœur. J'avais passé une heure au téléphone et nous avions dû interrompre notre échange car ils devaient partir pour l'aéroport. Ils prenaient un avion jusqu’à LA et s'envolaient pour le Brésil le lendemain. 

Jazz avait passé sa journée avec ses amis et était rentré vers 20h. Nous avions mangé et je devais avouer que j'avais pris plaisir à manger avec quelqu'un, moi qui mangeait seule depuis près de trois ans. Jasper s'avérait être quelqu'un de drôle, il avait toujours une anecdote ou un souvenir drôle de ses études. Je ne l'avais pas trop côtoyé depuis ces trois dernières années mais je sentais que son séjour chez moi allait être très agréable. Emmett l'ayant appelé pour lui dire de ne pas venir travailler, nous avions regardé un film ensemble confortablement installés dans le canapé. Vers 1h, Jazz était parti dormir quant à moi, j'avais sorti mon matériel pour peindre. Je m'étais couchée vers quatre heures du matin entièrement satisfaite de ma toile.

Nous étions mardi matin. Il était 9h quand je pénétrais dans la galerie. Après avoir déposé mes affaires dans la réserve, je commençais à installer les toiles de Nahuel aux emplacements qu'Esmée m'avait désigné. Et comme je l'avais prévu, je n'avais eu besoin de personne pour tout mettre en place. J'avais seulement dû utiliser l'escabeau par deux fois pour installer deux grandes toiles. Une fois les tableaux mis en place, je décidais de commencer à rédiger les invitations pour le vernissage. Il devait avoir lieu dans une dizaine de jours mais il me fallait tout organiser. Je me saisissais donc du répertoire d'Esmée et commençais à envoyer les mails aux différents clients. Je mis quelques invitations sous plis pour les faire parvenir aux diverses personnalités qu'Esmée souhaitait que j'invite. Vers 11h, j'ouvrais la galerie et le coursier passa quelques minutes plus tard. Esmée venait de recevoir deux courriers. J'ouvris le premier et découvrait une invitation pour l'ouverture d'une nouvelle exposition au Metropolitan Museum of Art qui devait avoir lieu dans vingt jours. Esmée m'avait prévenu et je devais donc m'y rendre. Elle connaissait très bien le directeur et par conséquent quelqu'un de la galerie devait être présent. Je notais qu'il faudrait que j'aille faire les magasins afin de me trouver une tenue adéquate. Le deuxième courrier venait du cabinet d'avocats « Volturi Corporation ». J'ouvrais la lettre et la lisais. Maitre Aro Volturi demandait à ce que l'ensemble des toiles de Benjamin lui soit remis dans les plus brefs délais. Une petite note en bas de page indiquait que si les toiles n'étaient pas livrées au cabinet avant le 22 juillet, il engagerait des poursuites. J'étais embêtée car Esmée ne devait rentrer que début août et j'ignorais ce qu'il fallait que je fasse. Je décidais donc d'appeler Emmett qui lui pourrait m'aider.

« Allo Emmett ? »

« Non c'est Rosalie, Em' a oublié son téléphone ! »

« Rose c'est Bella ! »

« Bella, tu vas bien ? »

« Oui ça va, dis-moi tu sais où je peux joindre Emmett, j'ai un problème à la galerie ! »

« Qu'est ce qui se passe Bella ? » me dit-elle sur un ton paniqué.

« Oh rien de grave, Rose, Esmée a reçu un courrier d'un cabinet d'avocats au sujet des toiles de Benjamin ! »

« Ah, et bien Em' est au bar, essaye d'appeler directement là-bas Il ne doit pas bouger à cause des livraisons! »

« Oui bonne idée ! Merci Rose ! »

« Tu as le numéro ? »

« Oui c'est bon, Jazz me l'avait donné pour que je l'appelle en cas de pépin ! »

« D'accord, on se voit toujours demain pour dîner toutes les deux ! »

« Oui Rose et d'ailleurs tu serais disponible plus tôt, il faudrait que j'aille choisir une robe pour un vernissage au MET »

« Oui pas de souci, je passerai te prendre à la galerie vers 15h ça te va ? »

« Oui très bien ! »

« Alors à mercredi ! »

« A mercredi ! »

Je raccrochais. Il était presque 12h et je fermais la galerie le temps d'aller me chercher un sandwich au snack d'à côté. J’appellerais Emmet vers 14h puisque de toutes façons, il devait y rester toute la journée. J'approchais de la galerie quand il me sembla apercevoir la jeune femme qui m'avait suivi il y a quelques semaines. Tanya Denali, celle-là même qui avait une ordonnance restrictive à mon sujet. Je devais rêver. Je relevais mes lunettes de soleil afin de mieux regarder mais il n'y avait plus personne à l'endroit où il m'avait semblé l'apercevoir. Mon agression me donnait l'impression d'être épiée en permanence mais j'essayais de faire abstraction de mes peurs. De retour à la galerie, je fis un peu de rangement dans la réserve puis je retournais au bureau afin d'accueillir d'éventuels clients. Un client venait de pénétrer dans la galerie et me salua d'un signe de la tête. Il se déplaçait doucement d'une salle à l'autre en admirant chaque tableau. Je le suivais mais restais néanmoins en retrait afin de ne pas le déranger. Quand je pénétrais dans la troisième salle, je fus surprise par ce que j'y vis. Je ne m'étais pas rendue ici depuis vendredi et apparemment Esmée avait ajouté quelques tableaux sur tout un pan de mur. En effet, elle s'était bien gardée de me dire qu'elle avait accroché mes toiles dans une des salles de la galerie. Du coup je me retrouvais bien bête quand le client me demanda mon avis sur une de mes toiles.

« Alors mademoiselle, je viens de faire un tour de votre galerie et j'aime beaucoup celles-ci » me dit-il en désignant le pan de mur où mes treize toiles étaient exposées.

« .. » je ne disais rien observant le pan de mur.

« Et je voudrais votre avis. Je voudrais en acheter deux. Quelles toiles parmi celles-ci me conseilleriez-vous ? »

« Euh.. »

« Vous n'avez pas d'avis ? Ces toiles ne vous font rien ressentir ? » me dit-il un peu sèchement.

« C'est que.. »

Je commençais à me sentir mal à l'aise. Le monsieur me regardait d'un air sceptique. En même temps, quelle idiote je faisais. J'étais censée vendre des toiles et conseiller les clients et là je me retrouvais dans l'incapacité de lui donner mon avis

« Connaissez-vous au moins le peintre ? » me regardait-il perplexe

« Oui »

« Et qui est-ce ? » me répondit-il avec un large sourire

« Moi » dis-je en baissant le regard.

« Et bien ne soyez pas timide Mademoiselle, vous avez de l'or au bout des doigts ! J'adore votre travail. Il y a tellement d'émotions. Regardez-moi ça, il y a une telle tristesse et une telle souffrance et pourtant on ressent de l'espoir grâce à ces touches de couleurs qui ont été disposées ça et là !»

« Merci » murmurais-je

« De rien ! Et en ce qui concerne l'autre ! Grand dieu ! Ces yeux. Tout passe dans ce regard, de la tristesse, du désir et un semblant de paix..Le fusain est un excellent choix pour donner du relief.. quant aux couleurs utilisées, elles vont très bien s'associer avec mon bureau. »

« ... » je regardais la toile devant laquelle nous étions. Il s'agissait de ma peinture avec les yeux d'Edward. En observant ce regard, mon cœur se serra et je me disais que j'étais sûrement passé à côté de quelque chose avec lui. Les souvenirs de ma discussion d'avec Rosalie me revinrent. Peut-être devrais-je lui accorder ce qu'il m'a demandé. Être son amie...Mais oui.. et puis pourquoi pas coucher avec lui tant que t'y es.. hein.. non mais ça va pas dans ta tête.. arrête.. tu sais très bien que tu ne seras pas capable de lui résister... alors non.. s'il veut être ton ami.. c'est à lui de faire le premier pas... non mais oh.. c'est pas toi qui est partie en lui disant juste merci.. hein.. alors hop.. reviens à tes moutons.. ton client.. ta première vente.. ta première rentrée d'argent issue de ta créativité... hop...hop..

« Bon et bien, je vais prendre celle-ci et puis l'autre là-bas » me dit-il en désignant une des toiles que j'avais peinte pendant le coma de ma mère. 

« Très bien ! »

« Vous pouvez me faire une facture, je vous réglerai le montant par virement demain et je viendrai récupérer les toiles dès que vous aurez reçu le paiement ! Cela vous convient-il ? »

« Oui parfait ! » répondis-je.

Je réalisais alors que je n'avais pas parlé du prix de chaque toile avec Esmée et que j'allais donc avoir du mal à lui donner un prix. Avant de lui répondre, je décidais de me rendre à la réserve. Esmée avait un cahier dans lequel le montant et le numéro de chaque toile y étaient répertoriés. 

Arrivée dans la réserve, je me saisissais du cahier et feuilletaient les pages. Je cherchais la toile numéro 245 et la numéro 67. Et là je lâchais le cahier brutalement en lisant le montant qu'elle avait attribué au premier tableau. 3400$ (2500€ environ). Impossible ma toile ne pouvait pas valoir ce prix là. Je me baissais et attrapais le cahier qui était tombé ouvert et cherchais le montant de l'autre toile. J'écarquillais les yeux devant le montant de la deuxième toile, 4500$ (3400€). Esmée avait dû faire une erreur. Je retournais dans la galerie vers le bureau. Je m'installais et le client arriva quelques minutes plus tard. 

« Alors Mademoiselle, excusez-moi, je ne vous ai même pas demandé votre nom ! »

« Bella, Monsieur, je m'appelle Bella ! »

« Enchanté, Bella ! Je suis Vladimir Kosk»

« Enchantée Monsieur Kosk! »

« Alors dites-moi tout au sujet du prix ! Pas que j'en ai quelque chose à faire mais néanmoins pour effectuer le virement, je vais en avoir besoin » me dit-il me souriant.

« C'est que.. »

« Il y a un problème ? »

« Non Monsieur, mais je pense que Mme Masen a du faire une erreur et je voudrais m'en assurer avant de vous demander un quelconque versement » lui répondis-je.

« C'est à dire.. cela vous semble insuffisant parce que votre prix sera le mien, je veux ces toiles ! »

« Non c'est plutôt le contraire en fait ! »

« Dites-moi à combien Esmée les a chiffrées. »

Je restais surprise car il venait d'appeler Esmée par son prénom alors que je ne le lui avais pas dit.

« Ne soyez pas surprise ! Je connais Esmée depuis de longues années et je viens chaque année pour lui acheter deux ou trois toiles pour les ramener en Russie ! » reprit-il.

« Ah ! »

« Et si Esmée a indiqué un prix c'est que ce prix est juste, alors donnez-moi le montant s'il vous plait ! »

« Et bien ça fera un total de 7900$ »

« Très bien ! Je demanderais à mon comptable de virer la somme sur le compte d'Esmée. Vous pouvez les emballer et je passerai les prendre jeudi en fin d'après midi. Vers 16h ! Cela vous convient-il ? »

« Oui monsieur ! »

« Dans ce cas c'est parfait ! Je vous dis donc à jeudi ! »

« A jeudi ! » 

Nous nous serrions la main et il se dirigea vers la sortie. Je me laissais tomber sur la chaise. Je venais de vendre deux de mes toiles. 7900$. Comme Esmée prenait une commission de 30%, je venais de gagner plus de 5000$ en quelques minutes. 
Je restais quelques minutes abasourdie par ce qu'il venait de se passer. Puis en jetant un coup d’œil à l'ordinateur pour saisir la vente de ses deux toiles, je vis qu'il était plus de 16h et je n'avais toujours pas appelé Emmett. Je me saisissais donc du téléphone et composais le numéro du club.

« Allo » entendis-je.

Cette voix-là, je pourrais la reconnaître entre mille. Edward.

« Euh.. Edward, c'est Bella, Emmett est là s'il te plait ? »

« Bonjour Bella, non Emmett viens de partir avec Jazz ! Je peux faire quelque chose pour toi ? »

Zut... il fallait que ça tombe sur moi. Pourquoi je n'avais pas appelé plus tôt. 

« Bella ? Tu es toujours là ? »

« Oui, désolée ! »

« Tu es sûre que ça va ? »

Pourquoi me posait-il cette question ? On sentait de l'inquiétude dans sa voix. Pourtant il ne le devrait pas. Je n'avais pas été très agréable et je ne voulais pas l'être mais j'avais cette sensation étrange qui ne me quittait pas depuis vendredi. Comme si ...Bon Bella, réponds-lui... et puis pourquoi tu lui demandes pas.. c'est le fils d'Esmée... il peut peut-être te répondre... t'es derrière ton téléphone.. il ne te voit pas.. tu ne le vois pas.. et puis tu ne l'appelais pas lui.. alors..parles !!...

« Ou.. oui, tu peux demander à Emmett de me rappeler s'il te plait ! »

« D'accord, je lui dirais. Il sait où te joindre ? »

« Oui, il sait ! Merci Edward ! »

« De rien Bella ! »

« Bon et bien à plus tard ! »

« Ouais.. à plus tard » l'entendis-je souffler !

J'allais raccrocher quand je l'entendis parler fort à travers le combiné.

« Bellaaaaaaa »

« Oui »

« Je...ça te dirait de venir au bar vendredi, nous avons un artiste qui se produit sur scène et je pense que tu pourrais l'apprécier. Emmett m'a dit que tu avais aimé le concert de Bobby et c'est encore un mec qui joue de la guitare ! Alors je me disais que.. »

« .. » Je ne savais pas quoi lui répondre. J'étais tiraillée entre mon envie de le revoir et ma raison qui me disait que ça ne serait pas une bonne idée.

« Bella ? Si tu ne.. »

« Edward ! Je … je ne viendrais pas.. j'ai..»

« En même temps, j'aurais du m'y attendre avec ce que tu m'as dit vendredi ! Je suis désolé Bella ! Si j'avais su j'..»

« Ce n'est pas ça Edward, j'ai beaucoup de travail avec la galerie et je dois aussi peindre donc.. » le coupais-je

Non .. mais tu fais quoi là... c'est quoi cette excuse bidon... tu veux pas le voir point.. qu'est-ce que tu nous sors l'excuse du travail.. Bella Bella Bella.. MAIS IL A FAIT LE PREMIER PAS... putain t'appelle ça un premier pas... non mais je rêve... s'il te veut en tant qu'amie.. c'est pas un muret qu'il doit escalader mais une falaise, une montagne.. faut que tu restes forte.. il ne changera pas du jour au lendemain... tu veux quoi qu'il tire son coup encore une fois et qu'il se casse à nouveau..NON.. alors stop arrête de trouver des excuses à deux balles...

« Comme tu veux mais.. » reprit-il.

« Au revoir Edward ! »

« Au revoir Bella »

Je raccrochais. J'avais pu entendre de la déception dans sa voix mais en même temps moi aussi j'avais été déçue de son attitude même si Alice m'avait mise en garde. 
Je me levais et allais éteindre l'ensemble des lumières de la galerie avant de tout mettre sous alarme. Je fermais la galerie et rentrais chez moi. 
Emmett m'avait rappelé deux heures plus tard et m'avait dit qu'il viendrait avec Rosalie demain après midi pour récupérer les toiles afin de les amener en personne. Étant toute seule pour la soirée puisque Jazz travaillait, je décidais de dessiner. Je m'étais préparée un repas simple : salade et poulet. Puis je m'étais installée sur le rebord de la fenêtre et tout en regardant les quelques enfants jouer en bas, je dessinais. Je passais plus de deux heures avec mon crayon et j'avais ébauché plusieurs esquisses sur des feuilles Canson. C'est vers 2h du matin que Jazz pénétrait dans l'appartement.

« T'es pas encore couchée ? » me demanda-t-il.

« Non, comme tu le vois ! »

« T'as passé une bonne soirée ? »

« Ça va, j'ai dessiné alors oui, ma soirée a été bonne! »

« Bon, je file à la douche, tu vas te coucher ? »

« Non pas tout de suite ! »

« Okay, ben à toute à l'heure ! »

« A tout de suite Jazz »

Il partit en direction de la salle de bain. Je rangeais mes croquis, attrapais le pot de glace et m'installais devant la télé. Jazz me rejoignit quelques minutes plus tard. 

« Alors ta soirée à toi s'est bien passée ? » lui demandais-je.

« Ouais, ça va. Il n'y avait pas trop de monde et Edward a fait dégager tout le monde vers 1h30. Emmett n'a pas bien compris mais il l'a laissé faire. Il avait hâte de rejoindre Rosalie je pense ! »

« Tu m'étonnes ! Ils ne se voient pas beaucoup tous les deux ! »

« Non, en effet ! Alors comme ça Emmett m'a dit que tu avais vendu deux de tes toiles ! »

« Ouais.. j'en reviens toujours pas ! J'ai envoyé un mail à mon père pour le lui dire ! C'est... »

« C'est génial, tu as du talent Bella. J'ai eu l'occasion de regarder tes dessins et même celui que tu caches là-bas ! » me dit-il en désignant la toile que j'avais faite après m'être brouillée avec Alice « Et franchement, tu arrives à cerner l'émotion de l'instant comme si tu prenais une photo ! C'est impressionnant ! »

« Merci Jazz ! » dis-je.

« Ne rougis pas ! C'est sincère. Il faudrait que tu acceptes les compliments quand ils sont sincères ! »

« Ouais mais.. »

« Mais ? »

« Non.. tu as raison ! »

« Je préfère ! »

« Bon, je vais aller me coucher, demain je dois aller de bonne heure à la galerie. Faut que j'emballe les toiles de Benjamin et je dois aller faire les magasins avec Rosalie pour ma soirée au MET ! »

« Pas de souci ! »

« Dis moi tu as eu des nouvelles d'Alice ? » osais-je lui demander.

« .. » il baissa les yeux et je regrettais immédiatement d'avoir poser la question. Car même si je m'étais engueulée avec Alice, je ne voulais pas que Jazz soit malheureux.

« Désolée j'aurais pas.. »

« Non, Bella, tu as bien fait mais je ne veux pas que tu t'inquiètes pour moi ! Okay ! »

« ... » je hochais la tête pour lui dire que j'avais compris.

« Sinon, oui. J'ai eu des nouvelles. Mais à part crier dans le téléphone en me disant que j'étais lâche d'être venu prendre mes affaires pendant son absence et de ne pas avoir cherché à parler avec elle ou à la comprendre. Disons que je n'ai pas pu lui dire ma façon de penser. Donc j'avoue que dès que je l'entends hausser le ton, je raccroche. Elle ne sait pas que je suis ici et c'est bien.. pour l'instant.. j'ai besoin de savoir ce que je veux faire ! »

« Pas de souci, je ne lui dirais rien. »

« Merci ! »

« Dis.. je dois aller au vernissage au MET vers la fin du mois. Je dois être accompagnée ! Ça te dirait de venir avec moi, si tu ne travailles pas bien sûr ! »

« Ouais, je vais voir. C'est quand ? »

« Euh le 24 juillet, je crois ! C'est un vendredi ! »

« Et bien je vais demander à Emmett ! Je pense que ça ne devrait pas lui poser de souci ! »

« Merci ! Je ne voyais pas à qui demander à part à Rosalie »

« Mais de rien ! »

« Bon je file au dodo ! »

« Bonne nuit Bella ! »

« Bonne nuit Jasper ! »

Je me dirigeais vers ma chambre et me couchais, il ne me fallut que quelques minutes pour tomber dans les bras de Morphée. 

Je passais mon mercredi à emballer les toiles de Benjamin. Quelques personnes avaient visité la galerie. Vers 15h30, comme prévu, Rosalie et Emmett étaient arrivés. Nous avions chargé les toiles empaquetés dans le coffre de la Jeep d'Emmett et ce dernier était parti pour le cabinet d'avocat. Pendant ce temps-là, Rosalie et moi étions allées faire les boutiques pour trouver ma robe pour le vernissage au MET. Après plusieurs magasins, j'avais enfin trouvé la robe parfaite. J'avais trouvé une robe longue noire qui se nouait dans le cou et dont le dos était nu. Elle se composait d'une doublure noire opaque qui était elle-même recouverte d'une sorte de dentelle recouverte de strass. Une ceinture noire en cuir située sous la poitrine entourait la robe afin d'augmenter l'effet cintré de celle-ci. Rosalie m'avait aidé à trouver des chaussures à talons pour les accorder avec cette robe.

Une fois mes achats effectués, j'étais rentrée chez moi afin de me doucher et préparer quelques affaires. Je devais rejoindre Rosalie pour aller dîner quelque part, puis je devais dormir chez elle. Elle avait loué deux films : « Les fils de l'homme » d'Alfonso Cuaron, que je n'avais jamais vu et « Remember Me » d'Allen Coulter que j'avais déjà vu avec Alice qui avait d'ailleurs beaucoup insistée en me disant que ce film était un vrai bijou. Je ne l'avais pas regretté. Vers 19h, je pris ma mini cooper, cadeau de mon père pour mon départ à la fac en plus de l'appartement, pour me rendre chez Rosalie. Nous nous étions ensuite rendues dans un petit restaurant situé pas très loin de Brooklyn Bridge Park. Le nom du restaurant était « The River Café ». C'était un restaurant assez cher mais pour fêter la vente de mes toiles, je voulais inviter mon amie dans un restaurant haut de gamme. Après tout, ce n'était pas tous les jours que je gagnais une somme pareille. Le client ayant versé la somme ce matin, j'avais donc fait la réservation pendant ma pause déjeuner.

POV EDWARD

Nous étions dimanche matin et je devais rejoindre Emmett dans moins d'une heure. J'avais décidé de parler à Emmett suite à la discussion que j'avais eu avec Rosalie pendant qu'Em' et Jazz étaient partis. Rosalie m'avait expliqué que cela ne signifiait pas être faible de vouloir demander de l'aide à quelqu'un au contraire. Que je pouvais lui parler et que si je ne me sentais pas à l'aise, je pourrais tout aussi bien discuter avec Emmett qui n'attendait que ça. Le seul problème c'est qu'on ne change pas du jour au lendemain et que mes habitudes bien ancrées ne disparaîtraient pas du jour au lendemain. Je ne faisais plus confiance, surtout aux femmes et je ne comptais que sur moi-même. Rosalie m'avait secoué une fois de plus en m'expliquant que rien dans la vie n'était facile mais si on se donnait la peine de se battre alors on pouvait obtenir ce qu'on désirait. Nous avions aussi parlé de Bella. Rosalie était devenue très proche d'elle. Je m'étais pour la première confié sur mes sentiments vis à vis d'elle.

Flashback :


« Ed' t'imaginer que tu nous emmerdes avec tes problèmes c'est débile ! » 

« C'est pas ça Rose, je .. » 

« Arrête de te trouver des excuses ! C'est comme avec Bella ! Elle t'as dit quelque chose qui apparemment ne t'a pas plu et toi la première chose que tu fais c'est baisser les bras et aller te saouler ! » 

« Comment veux-tu que je le prenne Rose, elle m'a dit qu'elle ne voulait plus me voir même en tant qu'ami ! » 

« Et alors ? » 

« Et alors ! Rose je ne vais pas m'imposer ! Je ne m'impose pas auprès de vous persuadé que tout ce que j'ai à dire est ennuyeux et surtout je n'ai pas envie que les autres se préoccupent de moi ou s'inquiètent pour moi ! » 

« Bah oui c'est facile de dire ça ! Mais figure-toi qu'on s'inquiète deux fois plus alors tes explications à deux pennys tu sais où tu peux te les foutre hein ! » 

« Rose.. » 

« Non pas Rose ! Tu veux que je te dise quoi ! Si j'avais été Bella, j'aurais agi de la même manière ! Tu l'as séduite, tu l'as baisée, tu t'es barré et ensuite tu voudrais être son ami ! Il est clair que je n'aurais pas du tout envie de côtoyer quelqu'un dans ton genre ! Et puis c'est pas comme si personne ne lui avait dit qui tu étais ! Elle n'a eu que l'image que tu as bien voulu montrer ! Si tu veux que les choses changent c'est à toi de lui montrer qu'elle est importante pour toi ! D'ailleurs qu'est-ce que tu ressens pour elle ? » 

« Tu le sais très bien.. ». 

J'avais baissé la tête. Elle me l'avait dit ce matin donc je ne voyais pas pourquoi elle me le demandait. Et puis j'étais mal à l'aise et je n'étais pas du genre à dévoiler mes sentiments comme ça. Je tenais à Bella, plus qu'à ma propre vie. Quand je la voyais j'étais heureux et mon cœur ne pouvait s'empêcher de battre plus fort. Lorsque je plongeais mes yeux dans les siens, c'était comme si plus rien n'existait à part elle. Son parfum me faisait perdre la tête. Et enfin rien que l'idée de ne plus la voir déchirait mon cœur de part en part, comme si elle avait capturé une partie de moi. J'étais obnubilé par elle, elle qui ne quittait jamais mon esprit. 

« Ed' je veux t'entendre le dire et il est hors de question que tu te défiles ! » 

« Je ne sais pas.. » 

« Comment ça tu ne sais pas ! Tu ne sais pas ou bien tu ne veux rien dire ?Parce qu'excuse-moi, vu ton comportement, il me semble que tu sais exactement ce que tu ressens  pour elle ! » 

« C'est pas si simple, si je le savais, je pourrais au moins agir en conséquence ! » 

« Edward Cullen ou tu me craches le morceau ou alors je te garantis que je t'emmène directement chez elle ! » me dit-elle en se levant brusquement croisant ses bras sur la poitrine et me fixant d'un regard noir. 

Chez elle. Ces deux petits mots venaient de me filer une trouille bleue. Je ne voulais pas la voir sachant qu'elle ne le voulait pas. Et puis pour lui dire quoi !... ce que tu ressens gros béta... putain y a moins de cinq minutes tu t'es souvenu de toutes les émotions que tu ressentais en sa présence et en son absence et là pffiou tout s'est envolé.. non mais tu payes la tête de qui...parle ! 

« Edward ? » 

« Ouais... » 

« Je t'écoute ! » 

« Que veux tu que je te dise ? » 

« Ce que tu ressens ! Sérieusement là, tu commences à m'exaspérer pour ne pas dire que tu me les brises mais on va faire comme si je n'avais rien entendu donc..qu'est ce que tu as ressenti en la voyant hier soir? » 

« Bah j'étais content et en même temps j'avais peur ! » 

« Peur de quoi ? » 

« Qu'elle me rejette, ce qui en définitive est arrivé » 

« En même temps tu ne pouvais pas attendre qu'elle te saute dans les bras non plus ! Et sinon content, pourquoi ? » 

« De l'avoir vue mais ... Je sais pas Rose, quand elle est là c'est comme si le reste n'avait plus d'importance, comme si plus personne n'existait. J'avais mon cœur qui battait à un rythme effréné et mes mains étaient moites. Quand je l'ai embrassée sur la joue c'était ... comme si j'avais décollé du sol, comme si je venais de me brûler les lèvres en les posant sur sa joue.. je n'avais qu'une seule envie, la serrer fort dans mes bras pour ne plus jamais la laissé partir. Et.. » 

« Et ? » 

« Et quand elle est partie, ça a été pire. J'avais l'impression d'être vide comme lors des huit dernières semaines ! Mais en pire. Et quand elle m'a dit qu'elle ne voulait plus me voir, j'ai cru qu'elle m'avait arraché le cœur. » 

« Tu l'aimes. » 

« Je ne sais pas.. » 

« C'est pas une question Edward.. tu l'aimes. Ce que tu viens de me décrire c'est ce que je ressens pour ton frère depuis trois ans. Dès qu'il est loin, c'est comme s'il me manquait un bout de moi, comme si j'avais du mal à respirer. Quand il est à mes côtés, je me sens forte et fragile à la fois. Mon cœur est prêt à sortir de ma poitrine à chaque fois que je pose mes yeux sur lui ou que nos regards se croisent. Et lorsqu'il me touche, tout mon corps s'embrase. Alors oui Edward, je pense que ... non ! je suis certaine que tu es amoureux de Bella ! » 

« Rose, c'est impossible ! Je ne l'ai vu que quelques heures sur une semaine et nous n'avons couché ensemble qu'une fois même si... » m'interrompis-je. 

« Même si ? » 

« Même si j'avoue que ce temps passé avec elle était différent de tout ce que j'ai pu vivre ou ressentir dans ma vie» 

« Oui mais Bella n'est pas une fille comme les autres ! Et ce n'est pas parce que tu n'as pas passé beaucoup de temps avec elle, que tu ne dois rien ressentir pour elle ! Parfois il suffit d'une fois pour qu'il y ait cette connexion particulière. Cette même alchimie qui te fait réaliser que c'est elle. Elle, qui sera ton équilibre, ton ancre, ton oxygène, ta moitié. » 

« Si tu le dis ! » soufflais-je. 

« Putain mais Edward ! Tu ne comprends pas ! Si c'est elle, bats-toi ! Car si tu ne le fais pas, tu risques de le regretter toute ta vie. Tu regrettes déjà ton attitude vis à vis d'elle alors si tu veux t'enfoncer encore plus bas que tu ne l'es déjà.. vas-y continue ! Mais par contre ne compte pas sur moi, ni sur Emmett pour venir ramasser les morceaux ! On est là maintenant pour t'aider à faire en sorte que tu sois heureux. Mais si tu décides de replonger dans tes vieux démons, dans ta solitude et tout ce qui va avec.. alors non ! Arghhhhh... tu me rends dingue» me dit-elle alors qu'elle se tirait les cheveux. 

J'avais raison quand je disais qu'il valait mieux que je ne me confie pas. J'exaspérais et j'ennuyais tout le monde. Je me levais et me mis face à la fenêtre. Je regardais les toits des immeubles aux alentours. Je repensais à toute cette discussion qui en définitive ne me menait nulle part. 

« N'y compte même pas Cullen ! » 

« De quoi ? » me retournais-je de surprise. 

« Te renfermer, je t'ai dit que je serais là, que ton frère aussi alors parle ! Et pour Bella et bien ... tu vas faire les choses bien !» 

« Mais le truc c'est que je ne sais pas quoi faire ! » 

« Tu ne sais pas.. ou tu ne sais plus ! Parce qu'il me semble qu'à un moment donné une personne dont je ne citerai pas le nom a été choyée de l'amour que tu lui portais ! Non ? » 

« C'est pas pareil ! » 

« Et en quoi est-ce différent ? » 

« Je...j'étais amoureux..» 

« Et là tu penses que tu ne l'es pas ? Non mais je rêve ! Faut que je fasse quoi pour que ça rentre dans ta petite tête ! » me dit-elle. 

« Je.. » 

« Écoute, la première chose, tu vas reprendre contact avec elle ! » 

« Et comment ? Je te rappelle qu'elle ne veut plus me voir ! » 

« Ouais bah ça j'en fais mon affaire ! » 

« Rose.. » 

« Non, ça c'est mon affaire ! Et toi tu réfléchis à ce qui pourrait lui faire plaisir ! » 

« Je ne sais pas ce qui pourrais lui faire plaisir » 

« Vous avez bien discuté pendant qu'elle dessinait ! Non ? » 

« Oui. » 

« Et bien tu cherches, tu trouves et tu agis ! » 

« Mais.. » 

« Non Edward je ne veux plus entendre de mais ! Tu veux être avec elle ? » 

« Oui. » 

« Donc tu te bouges ! Est-ce clair ? » 

« Ouais » 

Fin du flashback.

Found my place » - Augustana]

C'est comme ça que nous avions passé la fin d'après midi et le début de soirée. Elle mijotait quelque chose mais je n'avais aucune idée de ce que c'était. Et le fait de ne rien maîtriser pour une fois me rendait nerveux et angoissé. Mais je devais lui faire confiance. Elle m'avait bien cerné et je venais de lui parler comme je n'avais plus parler depuis des mois. Je me sentais soulagé et mon cœur semblait un peu moins lourd. Rosalie. Je craignais son arrivée et j'avais eu raison. Elle avait réussie, en quelques semaines, à détruire toutes les barrières que j'avais pu ériger autour de moi. Mais aussi paradoxal que cela puisse l'être, je me sentais apaisé, calme et serein et je pourrais presque dire heureux après cette discussion. Mais il manquait quelque chose d'important pour que tout puisse être parfait. Bella. Rosalie me disait que je l'aimais. Ça ne pouvait pas être de l'amour, pas si rapidement. Mais en me rappelant les souvenirs que j'avais de ma vie avec Lauren, je ne pourrais pas dire que mes sentiments envers elle étaient identiques. Ce que je ressentais pour Bella était plus fort, plus puissant. C'était comme si une comète était venue éclairer ma vie, comme si mon cœur avait été terrassé par une avalanche d'émotions sans que je ne puisse rien y faire. Bella avait bouleversé ma vie sans que je ne m'en rende compte. J'avais peur car ce que je ressentais me rendait dépendant, dépendant d'elle et par-dessus tout vulnérable. Et là, la réalité me frappa de plein fouet. Je l'aimais. Ce qui était encore pour moi une illusion était en train de se produire. Je venais de découvrir, ce que signifiais aimer quelqu'un. Je pensais avoir aimé Lauren mais je réalisais qu'il n'en était rien. J'étais amoureux de l'idée de l'être. Alors que pour Bella rien que de penser que je l'aimais, mon cœur se mit à cogner plus fort. J'étais amoureux de Bella. Un sourire était apparu sur mon visage et Rosalie n'avait pu s'empêcher de me le faire remarquer. Quand elle m'avait demandé pourquoi je souriais, j'avais éludé la question. Mais quelques secondes plus tard alors qu'elle me dévisageait, je l'entendis dire : « Mon dieu ! Tu viens de le réaliser ! ». Je baissais le regard, gêné qu'elle ait pu aussi facilement lire en moi.

Emmett et Jazz étaient arrivés et nous étions tous les trois partis en direction du bar. J'avais discuté avec Marcus de mes nouvelles résolutions et il m'avait encouragé tout en me donnant des conseils. 
Nous étions donc dimanche et j'avais dû dormir à peine 5h. J'avais demandé à Emmett de passer son dimanche avec moi et il avait accepté.
Je pris une douche et passais récupérer Emmett devant chez lui. Nous prîmes ensuite la direction de Brooklyn Bridge Park. Nous étions passés au Starbuck pour prendre nos cafés. J'avais acheté les croissants à la boulangerie française à côté de chez moi. Installés sur un banc dans le parc, nous prîmes notre petit déjeuner.

« Wow.. ça fait du bien ! » me dit mon frère.

« A qui le dis-tu ! »

« En tout cas ça me fait plaisir de passer mon dimanche avec toi ! Ça n'était pas arrivé depuis.. quoi la fac ! »

« Ouais je crois que c'est ça ! » lui répondis-je mal à l'aise.

Je me sentais mal parce que j'avais fait souffrir mon frère et que je ne m'en étais même pas rendu compte. Rosalie avait appuyé là où ça faisait mal mais elle avait eu le mérite de m'ouvrir les yeux.

« A quoi tu penses frérot ? »

« A rien ! »

« Ouais c'est ça ! Bon sinon, j'ai vu que t'avais discuté avec Belly vendredi ! Alors vous vous êtes dit quoi ? »

« Euh Em', j'ai pas... rien » je n'arrivais pas à lui parler.

Je tournais ma tête vers lui et je lus de la déception sur son visage. Puis quand il réalisa que je l'observais, il me fit un sourire. Ce petit rien me fit réagir et je décidais de lui parler. … en même temps t'es là pour ça... et t'as promis à Rosalie de faire des efforts.. alors...

« Em' ! »

« Mmmh »

« Bella ne veut plus me voir.. voilà de quoi on a parlé vendredi soir ! »

« Ah ! Bah.. »

« Je sais en même temps c'est normal ! » le coupais-je.

« Oui c'est sûr mais je pense que si tu lui prouves qu'elle est importante pour toi alors t'as peut-être tes chances ! »

« Ouais mais le problème c'est que je sais pas quoi ! Et puis j'ai l'impression que.. »

« que quoi que tu fasses, elle aura toujours cette sale image de toi ? » finit-il pour moi.

« Ouais » soufflais-je.

« Bah en même temps, vu tout ce que lui a dit Alice, d'ailleurs faudra que tu m'expliques ce que tu lui as fait hein pour que cette fille t'en veuille au point de te descendre en flèche auprès de Bella ! »

« Je lui ai rien fait, je te jure ! Si je savais pourquoi crois-moi que je saurais quoi dire à Bella ! »

« Bah, en tout cas va falloir que tu trouves quelque chose, tu l'aimes ? »

« Hein.. qui ? »

« Bella trou du cul ! »

« Je crois...non.. enfin oui je l'aime ! »

« Wow ! » lâcha-t-il.

« Quoi ? » lui dis-je en le regardant surpris

« Bah là mon frère tu viens de m'épater ! Et tu peux pas savoir combien ça me touche que tu me dises ça ! »

« Comment ça ? »

« Ed', toi et moi on sait que tu ne parles pas beaucoup et que tu n'aimes pas te confier et là tu viens de me dire que tu aimais Bella ! Je suis juste surpris que tu confies enfin à moi ! »

« Ouais, disons que quelqu'un a trouvé les mots justes pour que je me rapproche un peu plus des gens qui m'aiment ! »

« Rose ? »

« Ouais, ta copine est une femme en or, mec ! Et je suis ravie qu'elle partage ta vie ! »

« Ouais t'as raison, ma Rose c'est la meilleure dans tout ! Et je ne m'imagine pas un instant vivre sans elle ! Je l'aime et encore le mot est faible ! »

« Ça se voit, vous rayonnez tous les deux quand vous êtes ensemble ! »

« Merci ! »

« De rien ! »

« Bon et tu comptes faire quoi avec Bella ? »

« J'en sais rien, je n'ai aucune idée de la manière dont il faut que je m'y prenne ! Alors si... si.. t'as des conseils, j'en veux bien ! »

« Ou la... mais qu'est ce que vous avez fait de mon frère ? » me dit-il en rigolant et en me donnant un coup d'épaule.

J'étais assis les coudes posés sur mes genoux, le regard posé sur mes pieds. Mon frère semblait heureux de ce changement et je me sentais envahi un instant d'une joie immense.

« Je sais pas ce qu'on m'a fait mais je fais des efforts pour essayer d'être... plus ouvert ! »

« C'est cool ! Bon pour Bella, t'as essayé de l'inviter ? »

« Em', elle ne veut plus me voir ! »

« Ah oui, désolé j'avais zappé ! »

« C'est pas grave » soufflais-je.

« Les fleurs ! »

« Quoi les fleurs ? »

« Bah offre-lui des fleurs et puis je sais pas .. trouve un truc.. »

Les fleurs. Ça semblait être une bonne idée. Quelque chose me traversa l'esprit et cette idée semblait très adéquate. Je souriais et ce sourire devait être niais car quand je relevais la tête je vis mon frère me regarder d'un air hilare avant d'éclater de rire.
Je me mis à rire avec lui. Ça faisait si longtemps que je n'avais pas ris autant.

« Toi ! Tu viens de trouver quelque chose de bien pour prouver à Bella que tu es un chic type ! Je me trompe ? » reprit-il.

« Oui ! »

« Et je peux savoir ce que c'est ? »

« Non.. pas pour l'instant ! »

« D'accord ! Bon on va se dégourdir les jambes parce que je commence à avoir le cul en compote assis sur ce truc dur ! »

« Okay ».

Nous nous levâmes et nous marchâmes dans le parc tout en continuant à parler. Mon frère se confia à moi en me disant qu'il était heureux que je me confie enfin à lui. Il me parla de ses prochaines vacances et me demandait ce que je comptais faire pendant qu'il serait parti avec Rose. Je n'en savais encore rien. 

Nous étions allés manger dans un snack aux alentours de midi avant de terminer notre après midi sur ma terrasse. Nous avions discuté beaucoup comme si nous avions besoin de rattraper le temps perdu. Il m'avait parlé de ce qu'il réservait à Rose pour leurs trois ans. Il allait l'inviter à manger dans un restaurant français et il comptait ensuite l'emmener à l'opéra. C'était un rêve qu'elle avait depuis toute petite et sa mère aurait dû l'y emmener si elle n'était pas tombée malade. Puis la mort de sa mère avait empêché à Rose de vivre son rêve de petite fille. Alors Emmett voulait la faire rêver et lui offrir quelque chose de spécial. Je lui avais dit que c'était une très bonne idée.
Emmett était rentré en fin de journée car il devait manger avec Bella et Rose. Il m'avait proposé de venir mais j'avais décliné. Je voulais revenir vers Bella en douceur et pour cela il me fallait être patient.

Le lundi passa rapidement au bar. Nous avions beaucoup de rangement à faire avec Emmett. J'avais fait la comptabilité à laquelle je n'avais pas touché depuis quelques jours pendant que lui s'était occupé de faire les commandes pour les alcools.
J'étais rentré épuisé. Kate m'avait appelé pour prendre de mes nouvelles et nous avions passé près de deux heures au téléphone. Elle semblait ravie de mes nouvelles résolutions en me disant qu'il était temps que je réagisse. Elle sembla emballée par l'idée de cadeaux que je voulais faire à Bella en me précisant qu'elle ne pourrait que céder et accepter au moins de me revoir.

Le mardi matin je retournais au bar afin de réceptionner les commandes. Jazz et Emmett vinrent en renfort. Nous avions rangé et fait l'inventaire de toute la réserve. Em' s’aperçut alors qu'il nous manquait toute la commande de bières. C'est ainsi que vers 15, mon frère et Jazz partirent acheter des bières au dépôt d'alcool où nous nous servions habituellement. Ils avaient oublié cette partie de la commande mais ils ne pouvaient pas nous livrer avant le jeudi. Nous avions donc convenu de venir chercher nous même notre commande. J'étais dans mon bureau quand le téléphone sonna. Je décrochais. Il s'agissait de l'inspecteur Uley. Je lui avais laissé un message hier où je lui demandais où ils en étaient en ce qui concerne Tanya. Il m'expliqua alors qu'ils ignoraient toujours où elle se trouvait mais que plusieurs témoins avaient dit l'avoir aperçue du côté de Central Park. Je fus pris d'une angoisse soudaine car la galerie de ma mère se trouvait près de Central Park et je commençais vraiment à être inquiet pour Bella. L'inspecteur me rassura en me disant que Melle Swan était sous protection depuis que Tanya avait été vue. Je soufflais de soulagement même si je restais néanmoins sur le qui-vive. Je raccrochais en lui demandant de me tenir informé de la suite de l'enquête. Il me promit de le faire.
Je venais de raccrocher quand le téléphone sonna à nouveau. Je décrochais et je me demandais si je ne rêvais lorsque j'entendis enfin sa voix. Bella. Dire que j'étais ravi de l'entendre était un doux euphémisme. Mon cœur se mit à battre plus fort et j'essayais tant bien que mal de rester calme. Elle demandait après Emmett mais sa voix semblait craintive. Je lui avais demandé ce qu'il y avait mais elle avait tenté de me rassurer en disant que tout allait bien. Or quelque chose me disait que ce n'était pas vrai. Elle semblait troublée. Elle me laissa un message pour Emmett. Nous allions raccrocher mais pris de courage, j'essayais de l'interpeller en criant son prénom à travers le combiné. A ma plus grande joie, elle me répondit. Je l'avais invité à venir au concert de Chris Pureka qui devait avoir lieu vendredi soir. Elle semblait hésiter mais elle finit par me dire non. Elle ne le voulait pas. Deux refus en moins d'une semaine, mon cœur se serra. Je répondis doucement. Puis elle s'excusa prétextant avoir du travail. Je ne savais pas si c'était vrai ou si elle essayait de me le faire croire mais, elle ne serait pas là. Quand elle eut raccroché, je me pris la tête entre les mains. Des larmes coulèrent de mes yeux mais je les essuyais rapidement et décidais de mettre en place mon idée.

J'ouvris mon ordinateur et commençais mes recherches. 

Emmett revint avec Jazz et nous décidions d'aller manger un bout tous les trois. Jazz m'expliqua qu'il s'était séparé d'Alice et me posa la même question qu'Emmett c'est à dire ce que j'avais bien pu faire à Alice. Je lui expliquais que je ne lui avais rien fait personnellement mais que peut-être que sa réaction était liée à la manière dont je m'étais comportée avec Bella. Quand j'évoquais l'amitié entre Alice et Bella, mes deux amis semblaient gênés. Ils m'expliquèrent alors que Bella s'était fâchée avec Alice et que le motif de cette engueulade était moi. Bella aurait pris ma défense et en aurait profité pour lui expliquer qu'elle était assez grande pour faire ses propres choix. J'étais abasourdi. Elle ne voulait pas me voir mais en même temps elle prenait ma défense quitte à se mettre sa meilleure amie à dos. Peut-être que... .. bah oui que Rosalie a raison.. elle t'aime mais elle attend que tu fasses le premier pas.. bah j'ai fait quoi en l'invitant... Attends coco.. t'appelle ça un premier pas.. j'appelle ça du foutage de gueule...un premier pas.. beau.. comme ton idée de tout à l'heure...ouais.. me restait à trouver quoi écrire et je pourrais mettre mon plan en action...
De retour au bar, Alec mis en route la musique et les premiers clients arrivèrent. « Resistance » de Muse résonnait  dans le bar. Il était 21h. J'étais installé au bar et je regardais les quelques clients assis ça et là dans la salle pendant que Jazz servait les quelques clients et qu'Emmett était au téléphone avec Rosalie certainement. Il semblait embarrassé et je me demandais ce qu'il avait. Mon frère et moi étions plus proches depuis ces deux derniers jours. La journée de dimanche m'avait fait beaucoup de bien et mon frère semblait heureux que je me confie enfin à lui. 

« Ça va Emmett ? » parlais-je un peu fort pour qu'il m'entende.

« Ouais. »

« Okay, c'était Rosalie ! »

« Oui ! »

« Elle va bien ? »

« Ouais elle est à la maison »

« Okay, bon je monte au bureau, tu m'appelles si t'as besoin ! »

« Okay, euh.. je voudrais te demander quelque chose. »

« Tout de suite ? »

« Non, je finis ici et je te rejoins ! »

« Okay.. »

Je montais à mon bureau et Em' me rejoignit une heure plus tard. J'étais assis perdu dans mes pensées. Bella venait de vendre deux de ses toiles et j'étais heureux pour elle mais en même temps j'aurais aimé fêter ça avec elle. Juste elle et moi. Je repensais au moment où ma mère m'avait montré ses toiles et à tout ce que j'avais ressenti en les regardant. J'étais jaloux de Rosalie qui allait passer du temps le lendemain avec la femme que j'aime. Mais au moins j'étais sûr que rien de mal ne serait dit à mon propos. Je me réinterrogeais sur l'attitude de Bella face à Alice et je ne comprenais toujours pas. J'avais beau tourner le problème dans tous les sens, je ne comprenais ce qui avais poussé Bella à prendre ma défense aux dires de Jazz et Emmett. Quand mon frère entra, je remis mon masque d'homme heureux et alors qu'il s'asseyait sur le canapé, je me levais pour m'asseoir à côté de lui.

« Alors mec ! Qu'est-ce qui se passe ? » lui demandais-je.

« Bah tu sais que vendredi prochain y a le vernissage à la galerie de maman ! »

« Ouais d'ailleurs je t'ai filé ta soirée et j'ai réembauché un des mecs qui était venu samedi soir. »

« Ouais bah je vais avoir un petit souci ! »

« Quel genre ? »

« Bah samedi c'est l'anniversaire de notre rencontre à Rose et moi. Je croyais que c'était cette semaine mais quand j'ai regardé la date toute à l'heure sur le calendrier bah j'ai réalisé que c'était vendredi prochain. J'ai déjà les réservations pour l'opéra et la réservation pour le resto depuis deux mois et je ne peux pas faire faux bond à Rose surtout ce jour-là où elle va me tuer ! »

« Et ? »

« Bah, Maman veut pas que Bella soit seule à la galerie pour le vernissage de Nahuel alors je me disais... »

Alors qu'il semblait hésiter, je commençais à comprendre ce que cela signifiait. J'allais devoir aller à la galerie à sa place et donc voir Bella. Merde. Dans mon plan pour tenter d'approcher Bella, ce rendez-vous, si on peut appeler ça comme ça, n'était absolument pas prévu. Emmet me toucha le bras et je revins à moi.

« Tu crois que tu pourrais y aller à ma place ? »

« Em', tu sais qu'elle ne veut pas me voir et je pense que ça n'est pas une bonne idée ! »

« Tu déconnes j'espère ! »

« Non pourquoi ? »

« Bah écoute, tu vas y aller et tu vas faire ce qu'il faut pour qu'elle découvre qui est Edward, le mec sensible, doux et attentionné que je connais et pas le mec arrogant et narcissique ! C'est clair ! Et puis de toutes façons, maman nous tuerait si elle apprenait que nous l'avons laissé seule et puis je ne peux pas faire ça à Rosalie alors !!»

« .. » je réfléchissais. Ça semblait être une bonne idée mais je trouvais ça un peu précipité. Du coup il allait me falloir faire preuve de rapidité afin de préparer le terrain pour le vernissage.

« Ed' ! Tu vas y aller ! »

« Ouais, j'irais ! C'est ok ! »

« Qu.. quoi ? » me dit-il en me regardant l'air surpris.

« T'as bien entendu j'irais ! Mais tu ne lui dis rien avant mercredi prochain okay ! »

« Si tu veux, qu'est ce que tu vas faire ? »

« J'ai une idée mais.. je t'en parlerai mais pas  tout de suite ! »

« Si tu veux ! »

« Bon, il est quelle heure ? »

« Presque 1h »

« Putain ça fait deux heures qu'on papote comme des gonzesses ! »

« Oui frérot ! »

« Merde Jazz ! »

« Je lui ai dit de faire monter Jane s'il avait besoin d'aide ! »

« Ouais okay ! »

« Bon moi je redescends ! » me dit-il.

« Je vous rejoins, on va fermer ! »

« Quoi déjà ! »

« Tu veux pas retrouver Rose ? »

« Si mais.. »

« Pas de mais.. j'ai des trucs à faire ! »

« A 1h30 du matin ? » me demanda-t-il l'air perplexe.

« Ouais, je t'expliquerai mais là je peux pas attendre ! Donc tu demandes aux clients de déguerpir ! Je viens t'aider dans deux minutes ! »

« Comme tu veux ! » me dit-il en haussant les épaules.

Il sortit du bureau et je m'empressais d'éteindre mon ordinateur et de ranger mon bureau. Je fermais mon bureau à clé et descendais dans la salle. La plupart des clients étaient partis. Seul deux étaient encore en train de terminer leur verre. J'aidais Emmett et Jazz à ranger. Quand nous eûmes fini, les deux derniers clients partaient. Nous fermions le bar après avoir branché la nouvelle alarme que je venais de faire installer. Jazz pris la direction de l'appartement de Bella, Emmett partait rejoindre Rosalie chez lui et moi je rentrais seul. Un pincement au cœur de savoir que Jazz allait voir Bella mais heureux et excité à l'idée de mettre en place mon idée. J'étais enthousiaste et j'espérais que ça lui ferait plaisir.

Disclaimer : Tous les personnages appartiennent à Stephenie MEYER et l'histoire m'appartient...

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