"Ce que nous appelons commencement est souvent la fin. La fin, c'est l'endroit d'où nous partons." _ Thomas Stearns Eliot |
POV BELLA
Deux yeux bleus emplis d'inquiétude me faisaient face. Je venais d'ouvrir les yeux après une nuit agitée. Jasper était allongé à côté de moi sur mon lit, sa tête reposant dans le creux de sa main. Il me souriait tout en me dévisageant.
« Hey ! » chuchota-t-il.
« Salut » répondis-je.
« Comment tu te sens ? »
« J'ai eu des jours meilleurs ! »
Il ne me répondit pas mais passa sa main sur mon visage avant de caresser avec délicatesse mes cheveux. Je fermais les yeux avant de poser ma tête dans le creux de son cou. Le sentiment de peine qui avait resurgi à mon réveil s'estompa sous les gestes affectifs de Jasper.
« Bella ? » dit-il doucement.
« Mmm. »
« Ça te dit un petit déjeuner ? »
« Je n'ai pas faim! »
« Il faut que tu manges un peu ! »
« Okay » dis-je en me relevant, me mettant en appui sur mes avant-bras.
Jasper se leva doucement et je fis de même. J'enfilais mon pantalon en lin blanc et je changeais mon top. Celui que je portais était complètement trempé. Souvenirs d'une nuit où mes larmes avaient été mes amies et où mes cauchemars avaient peuplé mon esprit, me réveillant en hurlant avant d'être rassurée par Rosalie puis Jasper. Jasper ouvrit la porte de ma chambre et se tourna vers moi.
« Rosalie a préparé le petit déjeuner et … j'aimerais qu'on parle de ce qu'il s'est passé hier soir après si tu veux bien! »
Je me tendis à l'idée de devoir parler de ce qu'il s'était passé avec Alice après le départ de Jasper. Je sentis mon ventre se tordre. Il dut s'apercevoir de mon état car il s'approcha de moi et me serra contre lui.
« Bella, on en parlera si tu en as envie, okay ! »
Je n'écoutais plus Jazz. Mais dans ma tête résonnaient la voix d'Alice et tous les mots qu'elle m'avait dit en revenant hier soir. Elle avait appuyé là où ça faisait mal. C'est à dire mon silence face à Edward. Elle lui avait dit que je sortais avec Jasper et que je n'avais fait que m'amuser avec lui et que je continuais encore. Ce n'était pas la vérité mais pourquoi n'aurait-il pas cru ce qu'elle lui avait dit ? Je n'avais fait aucun geste envers lui depuis qu'il avait commencé à m'offrir tous ces cadeaux. Mes yeux s'embuèrent et je pleurais à nouveau alors que Jasper me serrait plus fort. Je voulais lui parler mais les seuls sons qui sortirent de ma bouche furent confus.
« Je suis une horrible personne et je comprendrais qu'il m'en veuille ! Mais je ne voulais pas.. je voulais.. » dis-je en agrippant le t-shirt de Jasper alors que j'étais en train d'inonder son t-shirt.
Je me sentais si mal. Alice avait raison, je ne devais pas avoir de cœur ! C'est pour ça que tous les gens que j'aimais s'en étaient allés. Ma mère d'abord, Tyler ensuite et enfin Edward. Il devait m'en vouloir. Et puis maintenant il était persuadé que j'avais joué avec lui alors que d'après ce que j'avais compris il avait beaucoup souffert à cause d'une femme et pour les mêmes raisons.
« Shhhht Bella, de quoi est-ce que tu parles ? »
« Ed.. Ed.. Edward » réussissais-je à dire entre deux sanglots.
« Quoi Edward ? » reprit-il en me tenant les épaules avant de tenter de capter mon regard.
« Je.... Il... Je suis sans cœur Jasper.... Il... il m'a ouvert son cœur et moi je l'ai totalement ignoré tout ça parce que je suis morte de trouille ! »
« Bella, arrête de te fustiger ! Je ne sais même pas de quoi tu parles ? »
Jasper me regardait tentant certainement de déchiffrer ce que je venais de lui dire à travers mon visage et mon regard. Mes yeux furent à nouveau submergés par les larmes et il me blottit aussitôt dans ses bras caressant mon dos et mes cheveux doucement afin de me calmer.
« Bella ! » entendis-je quelqu'un crier de l'autre bout de l'appartement.
Je me défis des bras de Jazz et essuyais du revers de mon bras mes yeux. Je passais devant Jasper et me dirigeais vers l'origine de la voix. Rosalie se trouvait devant ma porte d'entrée.
« Qu'est-ce qu'il y a Rosalie ? » lui demandais-je.
« Ce monsieur doit te remettre en main propre quelque chose ! » me dit-elle.
Mon regard se tourna vers le coursier qui se trouvait sur le palier. Je me dirigeais vers lui.
« Mademoiselle Swan ? »
« Oui ! »
« Tenez c'est pour vous ! »
Je récupérais l'enveloppe et signais son reçu. Je le saluais et je refermais la porte. Rosalie était dans les bras d'Emmett qui était appuyé contre l'îlot central qui délimitait mon salon de ma cuisine. Je regardais l'enveloppe de plus près. Qui pouvait m'avoir envoyé ça ? Ça ne pouvait pas être Edward car il devait être fou de rage contre moi à l'idée que je me sois moquée de lui. Mon cœur se serra. J'avais décidé de lui laisser une chance malgré mes peurs et voilà que je revenais au point de départ. De toute façon, je ne le méritais pas. J'avais toujours les yeux fixés sur l'enveloppe et je réalisais qu'il allait recevoir aujourd'hui ou demain ma lettre et mon dessin. Je n'étais même pas sûre qu'il les accepte après tout ce qu'avait dû lui dire Alice. Et en même temps, il aurait raison. C'était de ma faute, j'avais trop tardé à lui répondre. Et pourtant, je trouvais que c'était une bonne chose car au moins je ne risquais pas de faire souffrir encore une fois ceux qui m'étaient chers.
Mes yeux étaient fixés sur cette enveloppe. Je ne pensais plus à rien. Jazz s'était approché de moi et me sortit de mes pensées.
« Bella ? »
« Ouais » dis-je en relevant la tête vers lui.
« Si tu veux savoir de qui ça vient, il te faudrait peut-être l'ouvrir, tu ne crois pas ? »
« Si.. si tu as raison ! »
J'ouvrais l'enveloppe sous le regard de mes amis. En regardant à l'intérieur, il y avait un CD et une carte. Je regardais le CD de plus près mais rien n'était inscrit à part mon prénom dans une écriture qui m'était désormais devenue familière. Edward. Je regardais le disque perplexe avant de tourner mon regard vers mes amis cherchant à savoir si l'un d'entre eux était au courant de quelque chose. Ils haussèrent les épaules pour me montrer qu'ils ignoraient de quoi il s'agissait. Je me dirigeais vers mon ordinateur portable. Je l'allumais et attendais qu'il démarre. Pendant ce temps j'ouvrais la petite carte et en lisais son contenu.
« Après le silence, ce qui se rapproche le plus à l'expression de l'inexprimable est la musique. _ Aldous Huxley »
Je n'y avais plus touché depuis quelques années mais l'autre soir alors que tu hantais, encore une fois, mon esprit, j'en ai eu envie … et je t'offre cette alchimie de mes doigts et de mes sentiments. E.C.
Mon ordinateur avait démarré et le silence qui régnait dans la pièce était pesant. Tout le monde attendait de connaître le contenu de ce que je venais de recevoir. J'avais les nerfs à fleur de peau et les quelques mots d'Edward avaient éveillé ma curiosité pendant qu'une larme silencieuse s'était échappée d'un de mes yeux pour couler le long de ma joue. Je me sentais plus qu'émotive ces derniers temps et à mon plus grand regret, je ne pouvais contrôler cet état. Ma messagerie m'indiquait que j'avais reçu un mail de mon père mais je décidais de le lire plus tard. Je lançais le CD. Les premières notes d'un morceau joué à la guitare débutèrent. Je me tournais vers Rosalie qui venait d’émettre un hoquet de stupeur tout en ayant plaqué sa main devant sa bouche. Elle croisait mon regard et se tournait vers Emmett qui semblait tout aussi ébahi par ce qu'il était en train d'entendre. Jasper quant à lui dévisageait Rose et Emmett de la même manière que moi. Les notes s'égrenaient et résonnaient dans mon salon alors que mon regard se posait à nouveau sur la carte que je tenais fermement entre mes mains. Des milliers d'émotions se dégageaient de ce morceau et s'insinuaient au plus profond de moi. Je fermais les yeux et écoutait cette guitare qui jouait la plus douce des mélodies. Alors que le rythme s'accélérait doucement, mon cœur se serra. Cette chanson n'avait nullement besoin de paroles car les accords exprimaient eux même le sens de cette musique : le souvenir, l'espoir, l'envie et par dessus tout une profonde sincérité.
Quand j'ouvris les yeux, je relisais les quelques mots d'Edward et je réalisais que c'était lui qui avait composé ce morceau et qui l'avait enregistré pour m'en faire cadeau. Je tournais alors mon regard vers Rose et Emmett. Rose avait les larmes aux yeux et Emmett lui caressait doucement la main alors que lui semblait tout aussi ému. Quant à Jasper il était installé sur le canapé, les yeux fixés vers moi. Lorsque nos regards s'étaient croisés, il m'avait sourit. La chanson s'acheva à mon plus grand regret. Je sortis le cd du lecteur et le rangeais dans l'enveloppe. Je restais un instant, là immobile regardant Rosalie, Emmett puis Jasper. Le silence fut rompu par Rosalie.
« Ça va Bella ? » me demanda-t-elle.
« Je...je....je sais pas ! » soufflais-je.
« Tu veux manger quelque chose ! »
« Non ! »
« Il faut que tu manges quelque chose » reprit Emmett.
Je ne répondais pas et mon regard se stoppa sur la date de l'envoi. Il avait envoyé ce colis hier et au moment où il l'avait expédié, Alice ne lui avait encore rien dit. Je voulais savoir si, comme je le pensais, le morceau était de lui. Je savais que cela faisait très longtemps qu'il n'avait plus composé et j'en ignorais les raisons mais si ce morceau était de lui alors...
« Le morceau c'est Edward ! Hein Em' ! »
« Euh... »
« Em', répond ? »
« Ouais c'est.. disons que je reconnaîtrais sa façon de jouer entre mille donc oui c'est lui » souffla-t-il en se grattant le derrière de la tête.
« Okay ! »
Lentement le puzzle se mit en place dans ma tête. Il avait composé ce morceau pour moi, il l'avait envoyé, Alice lui avait parlé et à l'heure qu'il était, il devait penser que je m'étais payée sa tête et que j'avais joué avec lui. J'aurais pu bien le prendre en me disant que je m'étais comportée avec lui comme il l'avait fait quelques mois plus tôt. Mais entre temps, il m'avait fait des excuses et je savais qu'il avait beaucoup souffert d'une histoire précédente même si ça n'excusait pas tout. Alors que tout était en place, je sentis les larmes me monter aux yeux.
« Il va m'en vouloir, j'ai été la pire des garces ! » chuchotais-je pour moi même.
Je serrais les poings afin de ne pas craquer. Serrant un peu plus fort le disque et la carte d'Edward, je pris la direction de ma chambre et je m'y enfermais. J'attrapais alors mon vieux baladeur CD et me mis le casque sur les oreilles après avoir lancé le morceau qu'Edward avait composé pour moi.
[« Please forgive me » accoustic version – Brian Adams]
J'avais mis le volume suffisamment fort afin de ne plus rien entendre hormis cette mélodie dont les accords me faisaient vibrer. J'avais l'impression d'être dans un cocon duquel je ne voulais absolument pas sortir. Seule, allongée sur mon lit, les yeux rivés vers le ciel, je me laissais envahir par cette musique. Je la laissais me pénétrer intégralement comme si je voulais qu'elle prenne, à cet instant, possession de moi. Seul le son des cordes qui résonnaient dans le casque que j'avais sur les oreilles me parvenait. La pièce était légèrement éclairée puisqu'une partie du soleil était occulté par les persiennes. Mais il n'y avait que la musique, sa musique et moi. Moi et mes larmes qui dévalaient le long de mes joues. Moi et mon cœur qui se comprimait un peu plus à chaque accord, réalisant qu'à mon tour j'avais fait souffrir la seule personne, hormis ma mère, avait qui je m'étais sentie si complice. Une douleur violente surgit de mon être à l'instant même où un souvenir de notre moment intime me frappa. Chaque fois que je fermais les yeux, des images de cet instant me revenaient en mémoire. Ce moment unique où je m'étais sentie depuis la première fois en symbiose avec une autre personne que ma mère. La musique continuait sa course lente et douce avant de recommencer inlassablement au début. Cette mélodie était comme un besoin vital. Je devais l'écouter encore et encore afin d'en assimiler chaque note, chaque accord. Comme un drogue qui, malgré ma peine, m’apaisait en quelque sorte. Cette chanson pleine d'espoir me renvoyait aussi à ce quelque chose que je n'aurais probablement jamais. Alice avait eu raison à nouveau. Je devais être froide comme la glace pour me conduire comme ça. Je n'avais pas adressé un mot à Edward, le repoussant toujours plus loin pour ne pas souffrir, pour ne pas le laisser jouer à nouveau. Mais derrière quoi est-ce que je me cachais ? Pourquoi avais-je été aussi bête pour ne pas lui répondre plus tôt ? Rosalie avait raison, lui répondre ne m'engageait à rien et même ça je n'avais pas été capable de le faire ! Et désormais, alors que tout était probablement gâché, je n'avais plus que ce magnifique morceau pour ressasser mes souvenirs. Je pleurais à chaudes larmes me remémorant les souvenirs de ma mère. Pourquoi m'avait-elle laissé alors que j'aurais tant besoin d'elle en ce moment ? Mon père qui était si loin, je ne pouvais même pas lui parler alors que j'aurais eu besoin d'entendre sa voix forte et pourtant réconfortante. Lui, qui avait été si démonstratif lors de notre dernier échange me manquait horriblement. Je laissais tous mes souvenirs me submerger les uns après les autres puis je m'endormis alors que le disque tournait toujours.
J'ignore combien de temps j'avais dormis mais quand j'avais rouvert les yeux le soleil était bas. Un coup d’œil à mon réveil me permit de réaliser qu'il était déjà plus de 18h. Je sortis de mon lit et me dirigeais vers la salle de bains. Mon visage qui se reflétait dans le miroir me permit de constater que j'avais les yeux rougis d'avoir trop pleurer laissant apparaître deux magnifiques cernes aux teintes violacées. Je me passais les mains sur le visage tirant sur ma peau essayant d'arranger cette mine affreuse que j'avais. Mais rien n'y fit. Je me glissais dans l'eau qui me détendit instantanément. Il semblait n'y avoir personne dans l'appartement car je n'entendais pas un bruit. Je remerciais silencieusement mes amis de m'avoir laissée tranquille. Je sortis quelques minutes plus tard et me rendais dans la cuisine après m'être vêtue. Alors que je pénétrais dans le salon, je vis Rosalie assise sur le canapé en train de lire.
« Hey ! » me dit-elle.
« Salut ! » lui répondis-je en esquissant un sourire.
« Ça va ? »
« Ouais, ça va mieux ! »
« Tu veux manger quelque chose ? » me proposa-t-elle.
« Ouais, je veux bien. »
Je la suivis dans la cuisine et elle me servit un café et me déposa les petits gâteaux qu'elle avait préparé le matin même. J'en mangeais quelques-uns alors que Rosalie me regardait toujours sans rien dire.
« Où sont Jazz et Emmett ? » demandais-je.
« Ils sont partis ! Ils avaient une course à faire et puis ils devaient ouvrir le bar ensuite ! »
« Okay ! »
« Tu veux faire quelque chose ? »
« Je sais pas ! »
« Bella, je sais que tu ne veux pas en parler mais... j'aimerais savoir ce qu'il s'est passé avec Alice ! »
« Rien, rien .. elle ne m'a rien dit d'autre que la stricte vérité ! »
« Comment ça ? » reprit-elle.
« Rose... » soufflais-je.
« Okay ! Comme tu veux ! » dit-elle en levant les bras en l'air pour me montrer qu'elle allait laisser tomber.
« Merci ! »
« De rien ! »
Le silence pesant qui régnait à nouveau ne faisait rien pour arranger mon état. Je sentais que Rosalie voulait que je lui parle mais je n'en avais pas envie. J'allumais alors la station de mon Ipod et je lançais une de mes playlists. Les premières notes de « Hallelujah » de Jeff Buckley sortirent de l'enceinte. Ce morceau calmait chacune de mes angoisses depuis que j'étais enfant et l'effet ne se fit pas attendre. Apaisée et détendue, je m'installais sur le canapé avec ma tasse de café et mon ordinateur portable sur les genoux.
J'ouvrais ma boite mail et décidais de lire le message que m'avait envoyé mon père et Élie.
En ouvrant le mail, je fus d'abord surprise par sa longueur. Mon père se servait pour la première fois de cet outil et par la même occasion d'un ordinateur et il s'en était apparemment bien sorti.
Les premières lignes semblaient avoir été écrites par Élisabeth car elle m'expliquait que mon père voulait écrire lui-même ce message mais qu'elle profitait qu'il soit sous la douche pour m'écrire quelques mots. Elle me disait qu'elle passait un excellent séjour avec mon père. Il la faisait énormément rire de part les choses surprenantes qu'il désirait faire comme ce séjour dans la forêt qu'il avait organisé dès leur arrivée. « Tu le verrais, pire qu'un gosse ! » écrivait-elle. Elle m'expliquait qu'elle était obligée de refréner ses ardeurs sans quoi ils seraient en train de courir du matin au soir et qu'il ne finirait pas le voyage tellement il serait épuisé. J'avais l'impression de découvrir un autre homme à travers les mots d'Elie. Mon père si casanier semblait emballé et heureux de voyager. Elle m'embrassait puis quelques lignes plus bas, je découvrait les quelques lignes écrites par mon père. Je lisais avec attention son message alors que je sentais par intermittence le regard de Rosalie sur moi mais étant trop absorbée par tout ce qu'il me racontait, je n'y fis plus attention au bout d'un moment.
Mon père semblait passer un bon séjour avec Élisabeth. Ils devaient partir dans la forêt amazonienne dans deux jours pour une excursion de 7 jours. Il était excité de voir de nouvelles choses à ses dires. Ils étaient allés à Rio de Janeiro, à Brasilia mais aussi dans quelques petits villages de pêcheurs. Ils s'étaient rendus bien évidemment au Pain de Sucre. Mais mon père n'avait apparemment pas pu résister à une bonne partie de pêche en plein océan. Charlie parlait de la chaleur étouffante qu'il faisait là-bas mais il semblait s'y être adapté. Il me parlait du fait que Elie l'empêchait de faire tout ce qu'il voulait. « Elle me castre littéralement ! Je ne peux pas faire tout ce que je veux et ça m’énerve ! Tu veux pas lui dire de me laisser faire ce que je veux ! Hein ! Tu sais que je ne ferais jamais rien de dangereux en plus ! Je veux juste en profiter ! » Je riais en lisant ses commentaires, imaginant à la perfection la tête de mon père quand Elie devait lui dire non. Il me disait ne s'être jamais senti aussi vivant et aussi bien. Il aimait ce temps qu'il passait avec Elie mais aussi ces rencontres avec les populations locales qui ne cessait de l'émerveiller. « Tu verrais ces gosses, ils sont adorables ! Les gens là-bas n'ont rien mais ils t'offrent le meilleur repas que je n'ai jamais mangé ! » Plus j'avançais dans son message plus je réalisais que mon père était en train de me faire partager son voyage, ses joies et ses découvertes comme jamais il ne l'avait fait auparavant. Même lors de son voyage à Paris, il n'avait pas été aussi précis et aussi bavard. Mon cœur se réchauffa de voir mon père si heureux. Il avait joint trois photos à son mail. « Tu verras, j'ai réussi à mettre trois photos avec le message ! Bon ok Élie m'a expliqué comment faire mais voilà ! ». Une de lui tenant un énorme poisson à bout de canne. « T'as vu ce poisson ! Jamais y en aura des comme ça à La Push ! C'est Billy qui va être vert ! » avait-il mis en dessous de la photo. Une autre de lui dans les quartiers populaires de Rio et enfin une de Élie et de lui devant une église. Il souriait d'un sourire qui illuminait tout son visage. Je posais alors mes doigts sur l'écran et dessinait du bout des doigts les courbes de sa mâchoire et du contour de ses yeux avant de plonger littéralement mon regard dans le sien. Le bonheur, la joie de vivre et l'émerveillement. C'est ce que je voyais sur ces clichés. Mon cœur se gonfla d'amour en regardant celui où il était avec Élie. Elle le dévorait des yeux tandis que mon père la couvait de ce regard rassurant que j'aimais tant. Mon père avait enfin trouvé une nouvelle raison de vivre et je ne remercierais jamais assez Élie de m'avoir rendu mon père, de l'avoir ramené vers la vie. Grâce à elle, il s'était ouvert, me démontrant à chaque instant tous les sentiments qu'il avait à mon égard. Il parlait toujours aussi peu mais ces gestes s'exprimaient pour lui et de la plus belle des manières. Charlie semblait réellement heureux et à cette image, mon cœur se gonfla de bonheur. Je ne l'avais plus vu sourire de cette façon depuis ce jour-là. Une larme coula sur mon visage néanmoins je me sentais heureuse. Heureuse pour lui.
Je décidais de lui répondre et commençais à écrire quelques lignes sur mes impressions suite à son mail. Puis je lui racontais mon travail à la galerie depuis une semaine et aussi les derniers événements avec Alice sans lui préciser que nous nous étions fâchées. Je lui joignais deux photos que Rose avait pris lors de notre ballade de dimanche avec Jazz avant de lui dire qu'il me manquait et que j'avais hâte de le voir dans quelques semaines.
Après avoir terminé, je proposais à Rosalie de sortir nous balader un peu. Elle semblait ravie de me voir sourire à nouveau légèrement. Nous avions préparé quelques petits trucs pour manger à Central Park. Je ne voulais pas aller très loin mais j'avais envie de m'aérer l'esprit. C'est ainsi que vers 19h nous avions pris la direction du parc. Une fois arrivée, nous nous étions installées sur la pelouse. Il y avait encore beaucoup de monde et principalement des familles. Les enfants jouaient autour de nous et leurs cris et rires me donnèrent un sentiment de légèreté. Je savourais ce moment.
« Alors tu ne veux toujours pas me dire ce qu'il s'est passé ? » me dit Rosalie.
« Rose ! Je t'assure rien de grave ! »
« Tu te fous de qui Bee, non parce que si tu veux te payer la tête de quelqu'un, fais-le avec qui tu veux mais pas avec moi ! T'as hurlé les trois quarts de la nuit, tu as pleuré toutes les larmes de ton corps et je te rappelle que c'est moi qui t'ai trouvé effondrée, marmonnant des phrases insensées devant tes dessins hier soir ! Alors ne te paye ma tête veux-tu !»
« Rose ! »
« Non pas Rose, je te garantie que tu vas cracher le morceau! »
Je ne disais rien mais la persévérance de Rose était quelque chose d'inépuisable tant et si bien qu'au bout d'une demi-heure, je finissais par tout lui expliquer. Je lui parlais de ce qu'Alice avait dû dire à Edward, de ce qu'elle avait dit sur ma mère, sur Tyler puis sur moi. Rose avait été virulente dans ses mots me disant qu'Alice avait tort et que je n'étais absolument pas celle qu'elle dépeignait. Elle avait été aussi très sèche pour me dire que le pire c'est que je n'avais rien fait pour la contredire. Et pourtant j'admirais Rosalie car même si Alice s'était comportée comme la pire des garce, comme elle me l'avait dit, elle essayait tout de même de comprendre ce qui avait poussé Alice à agir de la sorte car la jalousie n'expliquait pas tout ! Elle pensait que quelque chose ou quelqu'un était sûrement à l'origine de tout ça. Nous avions discuté du voyage de mon père, du vernissage et aussi de la possible présence d'Edward à la galerie. C'est aux alentours de 23h que nous décidions de rentrer. Je devais me lever de bonne heure pour rattraper ma journée manquée et Rosalie devait venir me donner un coup de main avec Em'. Elle me déposa devant mon immeuble avant de rentrer. Je pénétrais dans l'appartement qui était encore vide à cette heure puisque Jazz ne devait rentrer que tard dans la nuit. Je décidais d'aller me coucher épuisée par tout ce regain d'émotions. Je me glissais dans les draps et m'endormis rapidement.
Nous étions vendredi matin et j'étais à la galerie depuis quelques heures. Emmett et Rosalie étaient venus m'aider pour installer les tables et choisir les morceaux de musique qui seraient diffusés durant le vernissage. Je nettoyais avec Rosalie pendant qu'Emmett était devant la sono et enregistrait les morceaux qui devaient passer. J'avais reçu, un peu plus tôt dans la matinée, un mail d'Esmée qui était d'accord avec nos choix musicaux même si elle avait ajouté un ou deux morceaux supplémentaires. Elle avait tenté de me rassurer par quelques mots mais j'angoissais à l'idée que tout puisse aller de travers. Vers 12h, Nahuel téléphona à la galerie pour me dire qu'il viendrait avec deux autres toiles. Je lui avais dit de ne pas s'inquiéter car certaines cimaises (ce sont des tiges en acier se positionnant près du plafond permettant d'y apposer des crochets pour suspendre les tableaux et cadres) étaient encore disponibles et que nous aurions vite fait de les mettre en place. Puis Rose, Em' et moi primes la direction de Central Park pour manger. Emmett avait passé son temps à faire le pitre tant et si bien que Rose dut lui envoyer une bouteille d'eau au visage afin de le calmer. J'avais beaucoup ri et j'avoue que ce moment m'avait fait un bien fou, mettant pour quelques temps, mes angoisses de côté. Vers 15h alors que je retournais à la galerie pour réceptionner la livraison du traiteur, Rose et Em' partirent. C'était leur soirée d'anniversaire et Rose était tout excitée car elle ignorait encore ce qu'Emmett avait prévu.
Je réceptionnais le buffet vers 16h. Jasper arriva peu de temps après.
« Hey Bee ! » me héla-t-il.
« Salut Jazz ! » lui dis-je en lui faisant un signe de main.
« C'est bon tout est prêt ? » me demanda-t-il en me déposant un bisou sur la joue.
« Ouais » dis-je en faisant de même.
« Tu rentres ? »
« Oui je vais y aller. Le livreur doit revenir car il manquait quelques trucs ! Il sera là dans trente minutes avec trois serveurs pour la soirée. Ils savent ce qu'ils ont à faire ne t'inquiète pas ! » repris-je dès que je vis son air inquiet.
« Ouf parce que je voulais pas faire de conneries ! »
« T'inquiète de toute façon s'il y a un problème, tu m'appelles okay ! »
« Ça marche ! »
« Au fait, tu pourrais accueillir Nahuel si jamais il arrive avant que je revienne ! »
« Ouais mais je vais pas rester longtemps en fait ! »
« Euh.. tu attends que je revienne quand même ? » dis-je en le regardant perplexe.
« Bah.. » dit-il en se grattant le derrière du crâne.
« Jazz ? »
« Écoute, en fait Edward devrait être là dans une demi-heure ! »
« Qu...quoi ? » dis-je surprise.
« Bah, tu sais Em' t'avait dit qu'il viendrait ce soir, … à sa place... non ? »
« Si mais.... » dis-je hésitante.
Je pensais que vu les derniers évènements, il n'aurait pas voulu venir. Alors je ne voyais pas trop où voulait en venir Jazz.....Mais t'es conne ou tu le fais exprès !... Rose t'a dit qu'il venait.. t'as pas écouté ou quoi ?... bah si … mais... pas de mais.. s'il vient c'est plutôt bon signe non ? Tu ne crois pas ! .. Il a peut-être eu ta lettre...merde ! Avec tout le truc autour du vernissage j'avais complètement zappé ce détail... ce détail ! Bah c'est pas qu'un détail...Je réalisais qu'il avait donc reçu ma lettre et j'ignorais avec tous les événements qui avaient eu lieu ces dernières vingt quatre heures comment il allait réagir. Je soufflais. Je ne pouvais plus reculer et il allait donc falloir que je l'affronte quoiqu'il m'en coûte.
« Bee ? Mais quoi ? » reprit Jazz.
« Bah tu sais.. avec le truc d'Alice.. je pensais que... »
« Il a reçu ta lettre ! »
Et là c'est comme si je venais de faire une chute de plus de trente étages en quelques secondes. Je me sentais nauséeuse et je commençais à angoisser. Merde. Pourquoi avait-il fallu que j'envoie cette lettre ?.... Bah parce que t'en avais envie ?.. parce que tu voulais faire un pas vers lui ? Ah non non.. parce que tu ne peux rien lui résister ! Parce que tu avais besoin de savoir s'il était sincère... même si tu le sais déjà !.. oh la ferme... Je regardais Jazz qui avait la main posé sur mon bras et qui me regardait d'un air inquiet.
« J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ! » reprit-il.
« Non..non.. pas du tout.. je...écoute okay, je rentre.. s'il y a quoique ce soit appelle-moi ! » dis-je précipitamment en prenant la direction de la sortie.
Je ne savais plus quoi dire. Je me sentais perdue et totalement en panique rien que de penser que quand je reviendrais Edward serait là. Je ne savais pas du tout comment cette rencontre allait se passer et ce qui allait en ressortir. Je regardais partout et comme si j'étais noyée au milieu de la foule, ma respiration s'était emballée. Je sentis une main sur mon épaule. Prise de panique, je me retournais vivement. Jasper.
« Bee t'es sûre que ça va ? T'es toute blanche ! »
« Euh ouais... non.. je.. suis pas prête pour le voir Jazz » dis-je alors que je commençais à pleurer.
« Hey..shhhh Bella ! C'est juste Edward ! »
« Ouais c'est ça le problème, je .. je ne sais pas ce que je vais lui dire ! » dis-je en reniflant et en m'essuyant les yeux.
« Bah bonjour ça serait déjà bien ! » me dit-il en souriant.
« ..Ouais ! » soufflais-je en riant devant sa réponse.
« Et puis tu sais, je pense .. enfin il a lu ta lettre ! Je ne sais pas ce que tu lui as dit mais il semblait heureux ! »
« Je... heureux tu dis ? »
« Ouais ! »
« Bah je ne lui ai rien dit.. j'ai juste dit ce que je ressentais en fait ! »
Mes jambes tremblaient et je me demandais quand est-ce que j'allais m'écrouler. Toute la pression, entre le vernissage, les évènements des deux derniers jours et la présence d'Edward, était en train de me submerger.
« Viens on va s'asseoir » me dit Jazz.
Je m'asseyais à côté de Jasper devant la vitrine, dehors. Je jouais avec la bandoulière de mon sac en réfléchissant à la façon dont je pourrais parler à Edward ce soir.
« Bee ? »
« .. » je relevais la tête vers lui. Il passa un bras autour de mes épaules.
« Te prends pas la tête.. il a lui aussi ouvert son cœur face à toi et il doit certainement être dans le même état que toi ! Voire pire ! Parce que l'air de rien c'est toi qui mène la danse au cas où tu t'en serais pas rendue compte ! Alors ne t'inquiète pas ! Il ne fera rien que tu ne voudras ! Okay ! »
« Ouais ! »
« Bon allez file ! Il est déjà plus de 16h30 et je te rappelle que Nahuel arrive dans moins de deux heures ! »
« Oups ! Je file ! Merci Jazz ! »
« De rien Bee ! »
Avant de m'éloigner je me jetais dans ses bras et l'enlaçais plus fort afin de lui montrer l'importance que son amitié avait pour moi. Il déposa un baiser sur le dessus de ma tête avant de me chuchoter.
« Allez file ! On se voit quand tu rentres ! »
« Ça marche ! »
Je m'éloignais en trottinant vers ma voiture qui était garée plus haut.
« Hey ! Ho Bee ! Tout se passera bien ! Il va être génial ce vernissage ! Tu vas tout déchirer ! Et si je te l'ai pas encore dit : Je t'adore ! » hurla-t-il à travers la rue.
« Moi aussi je t'adore » lui répondis-je aussi fort.
Les gens s'étaient retournés et nous avaient dévisagés. Ce simple constat et la tête de Jazz qui avait les sourcils relevés tout en haussant des épaules, me fit exploser de rire en pleine rue. Il avait réussi à me détendre et je ne lui en serais jamais assez reconnaissante. C'est ainsi que je rentrais chez moi pour me préparer. Une fois arrivée, je pris une douche puis je m'habillais. Rose avait préparé toutes mes affaires. Ma robe était sortie et repassée. Mes escarpins noirs étaient au pied de mon lit et Rose m'avait même laissé son vanity pour que je puisse me maquiller correctement. Une fois prête, je regardais l'heure. 17H20. Cool. Je m'étais préparée en demi-heure. Je finissais de me coiffer et de me parfumer puis je repris la direction de la galerie.
POV EDWARD
Il était un peu plus de 16h et je venais de passer mon après-midi à perfectionner un morceau que j'avais écris quelques jours plus tôt. J'avais reçu un appel de Jasper pour me prévenir qu'il se rendait à la galerie et qu'il m'enverrait un texto dès que Bella serait partie pour aller se préparer pour le vernissage. Le temps avait filé à une vitesse phénoménale depuis mercredi tant et si bien que je n'avais pas eu le temps d'angoisser sur ma soirée en compagnie de Bella. Ces deux derniers jours, je les avais passés dans une bulle de bonheur total où toutes mes pensées étaient tournées vers la lettre que Bella m'avait écrite. La carte que je tenais dans mes mains était légèrement cornée à force de l'avoir tenue entre mes mains. Heureusement que l'encre ne s’effaçait pas en lisant car à l'heure qu'il est, il est fort probable que plus rien n'y serait écrit. J'avais repris mon morceau de musique en retravaillant chaque accord. Je m'étais laissé guider par ses mots et par les émotions que je ressentais à chacune de mes lectures. Puis imprégné par sa lettre, j'avais laissé mes envies guider mes mains dans la réalisation de la composition parfaite, enfin, parfaite pour moi.
Sauf que depuis une heure, je tournais en rond dans mon appartement. J'avais fini de prendre ma douche et Rosalie était passée rapidement chez moi pour m'aider dans le choix de ma tenue il y a quelques minutes. Je ne savais absolument pas quoi me mettre et après avoir retourné six fois mon dressing, j'avais fini par l'appeler m'excusant de la déranger sachant qu'elle devait se préparer pour la soirée que lui avait organisée mon frère. Mon frère quant à lui n'avait rien trouvé de mieux que de se payer ma tête en me traitant de fille. Tout ça parce que je n'étais pas foutu de faire un choix vestimentaire. Il avait réussi à limiter mon angoisse quand à ce qu'il allait se passer dans quelques heures grâce à son humour. J'étais donc assis sur une chaise de ma terrasse, les coudes posés sur mes genoux serrant mes poings juste devant ma bouche et le regard perdu dans le vide. Mes mains étaient moites et mon esprit commençait à s'activer de manière anarchique me laissant présager une crise d'angoisse imminente. Je me demandais qu'elle serait sa réaction en me voyant vu les derniers évènements auxquels elle avait dû faire face. Quant à sa lettre, elle était à la fois explicite et pleines de sous-entendus. Elle ne me voulait pas dans sa vie mais en même temps j'avais une place de choix dans son cœur. Mon téléphone se mit à vibrer dans ma poche ce qui avait mis fin à mes pensées.
« Ed', c'est Jazz »
« Salut ! »
« Bon elle vient de partir et elle sait que tu seras là quand elle reviendra ! »
« Ah ! Et elle... »
« Ça ira t'inquiète pas ! Elle a juste peur par rapport à ce qu'il s'est passé avec Lily. »
« Peur de quoi ? »
« Bah disons que Rosalie m'a appelé y a pas cinq minutes pour me dire exactement ce qu'il s'était passé mercredi soir et .. Bella sait qu'Alice t'a dit que nous étions ensemble, Bella et moi, du coup elle a peur que tu crois qu'elle s'est jouée de toi alors que ça n'a rien à voir... elle ne se sent pas prête c'est tout ! »
« Okay.. bon écoute je.. j'arrive dans quinze minutes maxi ! »
« Ça marche mec ! »
« A toute de suite ! »
« Hey Ed' ! »
« Ouais ! »
« Commence pas à te prendre la tête.. ça se passera bien ! »
« Si tu le dis ! »
« Je le dis pas, je le sais ! »
« Okay à toute ! »
« A plus ! »
Après avoir raccroché, j'appelais Marcus afin de lui dire que je partais. Il m'expliquait qu'il en avait encore pour quelques heures au studio d'enregistrement et qu'ensuite il devait rejoindre des amis. Il avait toujours le double des clés et rentrerait tard dans la nuit. Nous nous verrions le lendemain matin et nous passerions la journée ensemble avant le concert de demain soir.
Je quittais mon appartement et arrivais à peine dix minutes plus tard devant la galerie. Une fois devant, je vis Jasper qui était en train de discuter avec un homme. Je m'approchais et Jasper m'aperçut.
« Hey ! Cool t'as fait vite ! »
« Ouais ! »
« Oh excuse, Ed' c'est Nahuel, Nahuel Ed' » fit Jasper en nous présentant l'un à l'autre !
« Enchanté » répondis-je.
« Moi aussi ! Alors tu es le fils d'Esmée ? »
« Oui enfin un de ses fils, j'ai aussi un frère Emmett ! »
« Oui je suis au courant Esmée m'a beaucoup parlé de vous. »
« ... » je ne lui répondis pas mais lui souriait malgré tout.
Ma mère parler de nous, était-ce surprenant ? Non définitivement pas.
« Bon Ed', je vais y aller car je dois encore faire des courses pour mon repas entre potes à l'appart alors ! »
« Ouais pas de souci ! »
« Ça va aller ? »
« Faudra bien de toute façon ! »
« Ed' t'inquiète pas, elle va pas te manger et encore moins être désagréable ! »
« Je.. je sais pas … j'ai un peu l'impression de l'avoir mise devant le fait accompli ! »
« Oui mais oublie pas que c'est elle qui a accepté que tu viennes à la place d'Emmett et que quand je lui ai dit que tu serais là toute à l'heure elle a plus semblé mal à l'aise qu'en colère ! »
« Mmmh »
« Bon allez je file ! Bye les gars et bon vernissage » nous dit-il en nous faisant un clin d’œil.
« Bye Jazz » répondis-je.
« A bientôt peut-être Jasper » répondit Nahuel.
Jasper venait de partir et je me retrouvais en tête à tête avec Nahuel. J'avais les mains dans les poches et je regardais partout autour de moi. Nous étions sur le trottoir juste devant la vitrine de la galerie et je ne cessais de regarder le ballet incessant des passants, guettant l'arrivée de Bella.
« Tu veux rentrer ? » me demanda Nahuel.
« Euh.. non.. je.. je vais attendre Bella ! »
« Okay comme tu veux, je vais aller mettre mes deux toiles en place alors ! »
Je regardais Nahuel qui, je n'avais pas vu, tenait deux toiles énormes qui étaient emballées dans du papier bulle. Je ne savais pas quoi faire et l'idée de l'aider à accrocher ses toiles me traversa la tête. Ça semblait être une excellente idée ce qui me permettrait d'avoir l'esprit occupé au lieu de commencer à me poser des questions sur le comment se passerait l'arrivée de Bella.
« En fait je vais venir t'aider ! »
« Okay ! »
Nous rentrions tous les deux dans la galerie. Toutes les toiles de Nahuel étaient accrochées sur les murs. Je n'aimais pas trop son style de peinture mais ce n'était pas laid pour autant. Des tables avaient été disposées le long de certains pans de mur et sur ces mêmes tables, des serveurs étaient en train de disposer des petits fours et des verres à vin vides. Des bouquets de fleurs blanches et rouges jonchaient le sol par endroit et donnaient une certaine fraîcheur au lieu. Je regardais autour de moi. Cela faisait bien six mois que je n'avais pas mis les pieds à la galerie de ma mère et les travaux qu'elle avait entrepris en fin d'année dernière avaient vraiment embelli les lieux. L'éclairage par les spots au sol donnait de la hauteur au lieu et mettait en valeur les toiles pour ceux qui étaient orientés vers les diverses œuvres. J'aidais Nahuel à enlever deux de ses toiles pour les remplacer par celles qu'il venait d'amener. Puis nous nous étions dirigés vers la pièce du fond afin d'accrocher les deux tableaux que nous avions retiré de la pièce principale. Nahuel repartit vers l'entrée de la galerie au moment où son téléphone avait sonné. Je regardais ses toiles de plus près et fut attiré par une en particulier. Il s'agissait d'un paysage de Toscane. Le jeu de couleurs était tout simplement magnifique et j'aurais presque pu entendre le chant des cigales. J'ignore le temps que j'étais resté à admirer ce tableau mais c'est une voix douce et familière qui me sortit de ma contemplation.
« Bonsoir Edward ! »
Je me tournais lentement pour faire face à ce doux visage. Elle avait les joues rouges et son regard était vrillé vers le sol. Elle portait une magnifique robe longue noire, nouée derrière son cou qui brillait sous la lumière des spots. A sa taille une magnifique ceinture qui accentuait le galbe de ses hanches. Ses cheveux étaient attachés de telle sorte que certaines mèches venaient encadrer son visage tandis que d'autre tombaient sur ses épaules. J'avais en face de moi une magnifique jeune femme.
« Bonsoir Bella ! » lui répondis-je.
Elle releva ses yeux vers moi et je fus subjugué par son regard. Ses yeux brillaient et elle semblait légèrement mal à l'aise. Je la regardais perplexe essayant de comprendre d'où venait son malaise mais la seule chose que j'avais réussi à faire fut de lui demander si elle avait vu Nahuel.
« Oui, il est dehors au téléphone. » me répondit-elle.
« Bien ! »
Je n'arrivais à détourner mon regard du sien. J'étais comme hypnotisé.
« Je.. je vais aller voir si tout est ok avec le traiteur. Tu veux bien m'excuser ? »
« Ouais.. tu veux que je t'accompagne ? » lui demandais-je.
Elle semblait anxieuse car elle se triturait les doigts tentant d'arracher la peau présente autour de ses ongles tout en se mordillant la lèvre. Je ne voulais pas la presser ni lui imposer ma présence donc je repris avant qu'elle n'ait eu le temps de me répondre.
« Je vais plutôt aller dehors, rejoindre Nahuel pendant que tu vas voir si tout est en ordre ! »
« Comme tu veux » souffla-t-elle.
Je me sentais perdu. Elle semblait anxieuse il y a quelques secondes et là, elle semblait déçue. Je fis un pas vers elle et après l'avoir regardée dans les yeux, je me dirigeais vers la sortie. L'envie de la toucher ou de l'embrasser était forte mais je voulais que ça soit elle qui le décide. Alors je passais suffisamment près d'elle pour que son doux parfum m'enivre et pour sentir cette douce chaleur qui émanait d'elle. Mais avant de sortir de cette salle, je me retournais vers elle.
« Bella ? »
« Oui ! » répondit-elle en se tournant doucement vers moi
« Si tu me cherches, je suis devant, ... sur le trottoir. Et... tu es magnifique ! »
Elle baissa les yeux alors que ses pommettes se coloraient de rouge. J'aimais ça chez elle car ça la rendait d'autant plus belle. Elle releva la tête vers moi et me mima un « merci » avant de sourire. Je voulais franchir les quelques pas qui me séparaient d'elle pour l'embrasser ou la serrer dans mes bras. Mes yeux rivés sur les siens. Je marquais un temps d'hésitation. Mais ma conscience se rappela à mon bon souvenir. … Sors... sors avant de tout foutre en l'air... Je lui offris un sourire avant de me tourner et de quitter la pièce. Je traversais le hall principal à la vitesse de l'éclair pour me diriger vers l'extérieur. J'avais les mains moites et des bouffées de chaleur m'arrivaient par vague. Je voulais de l'air. Une fois à l'extérieur, je me sentis mieux. Cela pourrait paraître paradoxal sachant que la climatisation était en route à l'intérieur maintenant une température ambiante à 25° alors qu'à l'extérieur la chaleur avoisinait les 34° en cette fin de journée mais je ne pouvais pas rester plus auprès d'elle sans risquer de tout foutre en l'air. J'étais anxieux et gêné d'être là. Je tentais de calmer les tremblements de mes mains en serrant fort mes poings. Après quelques respirations lentes et profondes, je me sentis mieux. Tout ne s'était pas si mal passé en définitive. Je souriais. J'espérais juste avoir l'occasion de discuter avec elle à un moment dans la soirée.
Appuyé contre un des piliers situé devant l'entrée de la galerie, je regardais les gens qui entraient. Un homme situé devant la porte contrôlait les cartons d'invitation et donnait un coup de tampon invisible sur le dessus des mains des personnes qui se présentaient devant lui. Alors que le soleil déclinait ne laissant que le sommet des gratte-ciels baignés de lumière, je détournais mon regard vers l'intérieur. Il y avait déjà quelques personnes qui déambulaient dans la galerie. La salle n'était pas comble mais je peinais à discerner le visage de chacun et je ne trouvais pas le visage de celle qui m'intéressait réellement.
« Tu ne rentres pas ? »
Je me tournais vers celui qui venait de me parler. Nahuel. Il était devant moi me dévisageant d'un air perplexe.
« Euh.. si je vais rentrer mais j'avais besoin de prendre l'air ! »
« Prendre l'air ! L'air est pourtant plus respirable à l'intérieur ! »
« ... » je ne lui répondis pas. En même temps qu'aurais-je bien pu lui dire.
« Enfin ! » me dit-il en haussant les épaules. « Ça ne me regarde pas après tout ! Je vais rentrer à plus tard ! »
« Ouais.. je reste encore un peu et je rentrerai dans quelques minutes ! »
Il me fit un signe de la tête et passa devant l'agent de sécurité qui le laissa entrer. Je continuais d'observer les gens qui allaient et venaient devant la galerie avant de porter à nouveau mon regard vers l'intérieur. J'aperçus alors Bella entourée de trois hommes dont Nahuel. L'homme qui était à sa droite la dévorait des yeux. Il semblait la séduire et Bella gênée au vu de ses rougeurs et à la manière dont elle baissait les yeux. Je serrais les poings de voir cet homme se rapprocher doucement d'elle. Son visage ne m'était pas inconnu mais je ne me souvenais plus de l'endroit où je l'avais vu. Sa main se posa alors sur le bras de Bella puis il approcha son visage de manière à lui parler au creux de l'oreille. Je serrais mes poings encore plus fort, enfonçant mes ongles dans mes chairs. Mon regard devait être noir. J'enviais cette proximité qu'il pouvait avoir avec elle. Puis alors que je posais mes yeux à nouveau sur elle, son regard croisa le mien. Elle me fit un léger sourire et son regard qui semblait joyeux se fit plus timide. Comme si elle était gênée. Puis comme pour appuyer mes pensées, elle baissa les yeux à nouveau. Je ne pouvais détourner mon regard d'elle mais je ne pouvais pas me permettre d'avoir ce type de réaction. Ça risquait de la faire fuir et pire encore de la mettre en colère. Je la vis se déplacer et se diriger vers d'autres invités. Elle souriait et semblait être à l'aise. Je décidais de rentrer afin d'observer les toiles de Nahuel. Elles ne m'avaient pas séduites au premier coup d’œil mais je voulais néanmoins les observer un peu plus. ...Ouais dis surtout que ça te permettra de surveiller Bella sans te faire remarquer.. hein !!..
La fraîcheur de la galerie lorsque j'y pénétrais me fit le plus grand bien. « Last tango in Paris » de Gotan Project résonnait doucement dans la galerie recouvert par les voix des gens qui discutaient. J'avais ôté ma veste et les manches de ma chemise étaient désormais remontées jusqu'à mes coudes. Je déposais ma veste sur la chaise du bureau qui avait été placée contre un mur pour l'occasion et me tournais vers une des toiles de Nahuel. Mais avant même d'avoir eu le temps de l'observer, on me tapa sur l'épaule.
« Edward ? »
« Kachiri ! Mais que fais-tu ici ? » lui demandais-je.
Kachiri était une des femmes que j'avais séduites il y a plusieurs mois de cela et qui avait bien évidemment terminé dans mon lit comme toutes les autres.
« Je suis venue avec un ami, Caïus, qui est aussi un des avocats du cabinet dans lequel je travaille. »
« Ah ! » fut tout ce que je pus répondre.
Je sondais la pièce en espérant que Bella ne me verrait pas auprès de cette jeune femme qui était désormais collée à moi. Je tentais de me reculer subtilement mais elle s'avançait à nouveau.
« Je suis heureuse de te revoir, tu n'as pas idée ! » me dit-elle en déposant sa main sur mon bras dénudé.
« Et sinon, que deviens-tu ? » repris-je en dégageant mon bras de son contact et en la fixant de manière à lui faire comprendre que je n'avais pas apprécié.
« Et bien je travaille toujours chez « Volturi Corporation » et je n'ai pas à me plaindre. Il y a beaucoup de travail et le cabinet tourne bien ! »
« C'est bien ! »
Un serveur s'approcha de nous avec des coupes de Champagne. J'en attrapais une sur le plateau qu'il tenait et Kachiri fit de même.
« Et toi ? » reprit-elle. « Pourquoi est-tu ici ? »
« C'est la galerie de ma mère ! » dis-je avant de boire une gorgée de Champagne.
« Esmée Masen est ta mère ? Tu ne t'appelles pas Cullen ? »
« Si mais ma mère a préféré garder son nom de jeune fille pour la galerie ! » dis-je en haussant les épaules avant de terminer ma coupe d'une seule traite.
Je me sentais mal à l'aise. Kachiri ne cessait de se rapprocher se collant à moi un peu plus à chaque fois.
« Tu as toujours ton bar ? » me demanda-t-elle en se rapprochant à nouveau.
Je pouvais sentir son parfum qui me donnait la nausée et sa chaleur qui m'était fortement désagréable.
« Oui toujours ! » dis-je en m'écartant afin d'attraper un autre verre sur le plateau d'un serveur qui venait de passer.
« Je me demandais.. ça te dirait de venir un boire un verre avec moi après le vernissage ? »
Kachiri se trouvait désormais face à moi, une main sur mon torse. Je voulais reculer mais un homme situé derrière moi m'en empêchait. Alors que je cherchais un moyen de me soustraire de sa présence plus que désagréable, je vis Bella juste derrière elle qui me dévisageait. Son regard était triste et elle secoua la tête juste avant de tourner les talons et de se diriger vers le fond de la salle. Merde. J'avais voulu être courtois avec Kachiri et voilà que Bella me voyait avec elle alors que celle-ci me faisait allègrement du rentre dedans.
« Non, je n'ai pas envie d'aller boire un verre après ! » lui répondis-je un peu sèchement alors que je tentais de suivre Bella des yeux à travers la galerie.
« Et bien, nous pourrions peut-être aller directement chez moi ou chez toi et prendre un peu de bon temps ? » me dit-elle « J'ai passé la meilleure nuit de mon existence entre tes bras la dernière fois » rajouta-t-elle doucement à mon oreille tout en faisant glisser son doigt le long de mon torse.
Je me saisissais alors de ses poignets et la fit reculer de quelques pas. Elle semblait surprise de ma réaction mais le regard que je lui offris lui fit comprendre que je ne plaisantais pas.
« Écoute Kachiri, je n'ai ni envie d'aller boire un verre ni envie de me retrouver seul à nouveau avec toi ! Trouve-toi donc une autre proie à mettre dans ton lit » lui claquais-je sèchement.
Elle me regardait désormais avec colère mais je m'en moquais.
« Ça ne t'a pas dérangé la dernière fois, il me semble ! » lâcha-t-elle un peu fort !
Des gens s'étaient retournés et nous dévisageaient. Je m'approchais d'elle en la fixant dans les yeux avant de lui répondre.
« Peut-être mais vois-tu là ça me dérange ! Alors je te prie de m'excuser mais je vais te laisser ! Bonne soirée Kachiri » lui répondis-je avant de m'éloigner.
Je la laissais sur place et me déplaçais à travers le hall principal en espérant retrouver Bella. Je n'avais fait que quelques pas quand je fus interpellé par une voix masculine familière. Nahuel. Il m'invita à venir le rejoindre. Il me présenta à deux personnes qui se trouvaient avec lui. Un couple apparemment mais je ne faisais pas trop attention trop préoccupé à tenter de retrouver Bella. Je sondais encore et encore la salle mais c'était comme si elle avait disparu.
« Edward ? » me demanda Nahuel.
« Oui »
Le couple et Nahuel me dévisageaient comme s'ils attendaient une réponse. Le problème était que je n'avais pas écouté la question qui m'avait été posée.
« Excusez-moi, vous disiez ? » dis-je en m'adressant à la femme qui se trouvait en face de moi.
« Je disais que je ne vous avais jamais vu ici ! Mais Nahuel me dit que vous êtes le fils d'Esmée ? »
« Oui c'est exact ! Je ne viens que très rarement car je suis patron d'un bar du côté de Soho et mon emploi du temps ne me permet que très rarement de venir ici ! » répondis-je.
« C'est bien dommage ! En tout cas votre mère est une personne exceptionnelle et je pense que ce n'est pas mon époux qui me contredira ! N'est-ce pas Marcus ? »
« Non effectivement » reprit ce dénommé Marcus.
Je ne trouvais toujours pas Bella et je voulais absolument la retrouver. La situation dans laquelle elle m'avait trouvé toute à l'heure pouvait prêter à confusion et je ne voulais pas qu'elle puisse imaginer quoique ce soit alors que la seule personne avec qui je désirais être, n'était autre qu'elle.
« Je vous prie de m'excusez mais je vais devoir vous laisser, je cherche une personne qu'il faut que je voie impérativement ! »
« Tu cherches qui ? » m'interrogea Nahuel.
« Bella ! »
« Elle est dans la réserve, enfin je crois ! Un client lui a demandé le prix d'une toile et elle semblait ne pas le connaître. Du coup elle s'est excusée et est partie en direction de la réserve ! »
« Vraisemblablement ! C'est là que ma mère garde ses cahiers de référence de prix ! » repris-je
« Madame, Messieurs à plus tard peut-être » dis-je en les saluant.
« A bientôt Monsieur Masen ! »
« Cullen ! »
« Cullen ? »
« Oui Masen est le nom de jeune fille de ma mère ! »
« Oh mille excuses » me répondit la femme.
« Ce n'est pas grave ! » repris-je.
« Et bien Monsieur Cullen, bonne fin de soirée et au plaisir de vous revoir ! » me répondit Marcus.
« A plus tard Nahuel ! »
« Ouais à plus tard ! »
[« Women of hope » - Morley]
Je m'éloignais de ces personnes et me dirigeait rapidement vers la réserve. Je rentrais doucement et je la vis, là devant le bureau en train de s'énerver sur le carnet qu'elle tenait entre ses mains.
Elle feuilletait rapidement les pages et posait un carnet pour en reprendre un autre. Vu la vitesse à laquelle elle tournait les pages, elle ne risquait pas de trouver ce qu'elle cherchait. Je l'entendais marmonner « Mais où est-ce que ce prix peut bien être écrit ! ». Je l'observais de l'entrée de la réserve. Seule la lampe posée sur le bureau était allumée laissant la pièce dans une certaine pénombre. Elle ne m'avait pas vu. J'hésitais entre lui signaler ma présence et attendre encore un peu afin de continuer à l'admirer. Elle rouvrait encore ses cahiers et semblait s’énerver sur chaque page. Puis elle lâcha l'un d'eux brutalement sur la table. Elle posa ses mains sur la table et baissa la tête avant de souffler. Je m'apprêtais à me manifester quand je l'entendis parler. Elle se parlait à elle-même et si la situation aurait pu me faire rire ce que j'entendis m'en coupa l'envie.
« Putain ! Pourquoi faut-il que je mette dans un état pareil ! C'était juste une femme ! C'est un bel homme et il est normal que des femmes tentent de le séduire ! »
Elle serrait les poings et son visage était crispé. Elle semblait se retenir de hurler. Je ne savais pas si elle parlait de moi mais ce qui suivit m’ôta tout doute.
« Bon Bella, tu te calmes ! Tu respires et tu recherches ce prix pour retourner ensuite auprès de tes invités ! De toute façon tu lui as dit que tu n'étais pas prête. Jasper t'a dit qu'il avait eu ta lettre. Tu ne dois pas avoir ce genre de réaction, c'est stupide et déplacé. »
Elle ferma les yeux quelques instants et prit une grande inspiration. Elle était magnifique. Son visage s'était détendu et elle mordillait légèrement sa lèvre inférieure. Une de ses mèches de cheveux était devant son visage et je n'eus qu'une envie, la lui replacer derrière l'oreille. Ce qu'elle fit juste après. Puis elle attrapa calmement un des cahiers et se mit à le feuilleter doucement. Elle semblait être apaisée alors que pour ma part, je venais de me prendre un claque mentale magistrale. J'aurais pu être ravi de la réaction de Bella mais je me sentais mal vis-à-vis de ce qu'elle s'était imaginée. Je lui avais demandé de me faire confiance et à cet instant, je réalisais qu'elle ne me ferait certainement pas confiance aussi facilement que je l'espérais. Elle m'avait dit dans sa lettre qu'elle était prête pour ça et qu'elle voulait me l'accorder mais son énervement me prouvait que ce n'était pas le cas. Alors qu'elle continuait à tourner les pages, je me décidais à lui signaler ma présence en me raclant la gorge. Elle se retourna vivement plaquant une main sur sa poitrine.
« Edward ? Tu m'as fait peur ! Qu'est-ce que tu fais ici ? »
« Euh désolé, je ne voulais pas t'effrayer. Je .. J'étais... Je te cherchais en fait ! » soufflais-je.
« Ah ! » me dit-elle en me regardant perplexe.
« Ouais, je t'ai vu quand je discutais avec Kachiri mais tu es partie avant que je ne puisse te parler ! »
« Oui tu semblais... comment dire .. Occupé ! »
« Non pas vraiment ! Disons que Kachiri est une vieille connaissance que j'aurais aimé ne pas revoir ! »
« Ah ! »
« Je.. Tu as besoin d'aide pour quelque chose ! »
Je me sentais complètement stupide. Je voulais lui parler mais elle m'impressionnait totalement et même si je mourrais d'envie de lui parler de sa lettre, je trouvais que le moment n'était pas très approprié.
« Non, c'est gentil ! Je cherchais juste le prix d'une toile ! »
« Oui c'est ce que Nahuel m'a laissé entendre ! »
« Tu m'excuses mais... » me dit-elle en désignant le livre qu'elle tenait entre ses mains.
« Ouais.. je t'attends dans la galerie ! »
Je me tournais et commençais à sortir de la réserve quand j'entendis la voix de Bella.
« Edward ! »
« Oui ! » dis-je en me tournant vers elle.
« Tu peux m'attendre s'il te plaît ! »
« Oui bien sûr. »
« Merci »
Je me dirigeais lentement vers elle et vit qu'elle m'observait du coin de l’œil tout en cherchant le prix du tableau. J'étais à quelques centimètres d'elle et mon cœur battait la chamade. La lampe éclairait son visage et me permettait de distinguer quelques reflets auburn dans ses cheveux. Elle souriait légèrement. Je demandais si c'était le fait que je la regarde qui la faisait sourire.
« Il y a quelque chose de drôle » dis-je.
« Non, pourquoi ? »
« Tu souris en lisant un cahier ne contenant que des chiffres et des numéros donc ! »
« C'est toi qui me fait sourire ! » lâcha-t-elle.
« Et je peux savoir pourquoi » tentais-je.
Elle tourna sa tête vers moi et semblait gênée parce qu'elle venait de dire.
« Bah pour rien ! J'avais juste envie de sourire c'est tout ! Je ne peux pas sourire ? » me dit-elle en se pinçant les lèvres.
« Si, si... je.. désolé, je te laisse terminer. Je t'attends devant la porte ! » repris-je.
« Tu peux rester près de moi si tu veux ! Je ne vais pas te manger ! » me dit-elle en riant.
Ce petit rire qui venait de sortir de sa bouche était la plus belle mélodie qu'il m'avait été donné d'entendre. L'atmosphère s'était passablement détendue depuis quelques minutes brisant la tension ambiante qu'il régnait depuis que je lui avais signalé ma présence.
« Okay ! »
« C'est bon j'ai trouvé ! » me dit-elle en me montrant du doigt la ligne du prix.
Elle referma le livre et éteignit la lumière.
« On y va ! Je ne voudrais pas faire attendre plus le client qui souhaite acquérir cette toile ! » me dit-elle un brin espiègle.
« Après vous ! » lui dis-je en lui faisant signe de la main.
Alors que nous sortions de la réserve, je posais délicatement ma main dans le bas de son dos. J'ignorais si elle avait trouvé mon geste déplacé mais elle ne le fit pas remarquer. Je pouvais sentir la chaleur qui irradiait de son corps sur ma main et son parfum m'arrivait par vague sur le visage. Je me sentais bien. Elle se tourna vers moi et me fit un sourire. Je lui souriais en retour alors que nous arrivions auprès de la personne qui serait bientôt le propriétaire d'une des toiles de Nahuel.
Pendant que Bella, Nahuel et le futur acquéreur discutaient de la transaction, j'étais resté derrière Bella, ma main toujours dans le bas de son dos. Je n'osais pas la bouger et j'étais tellement tendu, que je commençais à ressentir une crampe dans le bras. Je retirais ma main et elle tourna presque instantanément son visage vers le mien.
« Tout va bien ? » me chuchota-t-elle
« Oui pourquoi ? »
« Non, pour rien, tu veux que je me décale pour te laisser un peu de place ! »
« Non, c'est bon reste où.. »
Je ne pus finir ma phrase car l'homme qui se trouvait en face de Bella lui adressa la parole. Bella se décala légèrement de manière à se trouver devant moi. Je n'avais qu'une envie. Je voulais glisser mon bras autour de sa taille pour ne pas qu'elle s'éloigne mais je n'en fis rien.
Quelques minutes plus tard, l'homme serra la main de Bella. Il semblait heureux. J'ignorais pourquoi car je n'avais pas écouté un traître mot de la discussion bien trop concentré sur la femme magnifique qui se trouvait devant moi. Nahuel discuta encore un petit moment avec Bella avant d'aller à la rencontre des autres invités.
« Tu viens ? » me demanda-t-elle.
« Euh oui.. où ça ? »
« Je dois rencontrer deux personnes. Ta mère m'a demandé de participer à un vernissage au MET qui a lieu dans moins de dix jours et je voudrais rencontrer les organisateurs avant de m'y rendre ! » me dit-elle.
« Je.. Je ne voudrais pas te déranger. Tu sais si je suis ici ce soir c'est pour veiller à ce que tout se passe bien et que rien ne t'arrive ! Mais je ne veux pas te déranger !» lâchais-je alors que je la fixais encore.
Je ne savais pas comment j'avais réussi à lui dire ça mais je me sentais plus léger comme si je voulais briser la nouvelle tension que j'avais probablement recréé.
« Edward.. je .. écoute tu ne me déranges pas mais si tu ne veux pas me suivre, c'est pas grave ! »
« Si.. je veux bien mais .. »
« Okay ! »
Je n'eus pas le temps de réagir qu'elle m'avait attrapé la main créant une décharge électrique là où sa peau était en contact avec la mienne tout en me tirant vers l'avant afin que je la suive. C'est ainsi que je me retrouvais à la suivre toute la soirée dans la galerie. Je ne parlais pas ou peu mais j'étais heureux. Heureux d'être auprès d'elle. Je l'écoutais parler d'art mais aussi de littérature avec les divers invités. J'appréciais chaque minute buvant chacune de ses paroles. Sa voix m'avait tant manqué que j'essayais d'en mémoriser chaque sonorité. La sensation de sa peau contre la mienne était à la fois douce et agréable car même si elle avait dû serrer des mains aux diverses personnes, elle avait systématiquement remis sa main dans la mienne. Je m'étais sentis gêné au départ cherchant la signification d'un tel geste mais au bout d'un moment, je stoppais mes questions afin de profiter de l'instant. J'ignorais si cela allait durer mais elle avait fait l'effort de me faire confiance et de me permettre d'être auprès d'elle ce soir. A cet instant, je ne rêvais que d'une chose, que le temps suspende son vol afin de profiter de ce bonheur qui me réchauffait le cœur.
Disclaimer : Tous les personnages appartiennent à Stephenie MEYER et l'histoire m'appartient...
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